ENVIRONNEMENTCorse: Comment venir à bout de la bactérie tueuse d’oliviers?

Corse: Comment venir à bout de la bactérie tueuse d’oliviers?

ENVIRONNEMENTStéphane Le Foll se rend ce mercredi sur l’Ile de beauté, où Xylella fastidiosa menace les oliviers…
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

A Propriano (Corse du Sud), l’été est la saison des arrivées massives de touristes. Mais cette année, c’est un visiteur dangereux qui s’est invité sur la côte corse : la bactérie Xylella fastidiosa a été détectée la semaine dernière sur des feuilles de myrte, dans une haie bordant un centre commercial. Redoutée depuis les ravages qu’elle a causés dans les plantations d’oliviers du sud de l’Italie, la bactérie, si elle se disséminait, pourrait obliger les producteurs d’huile d’olive corse à arracher leurs arbres ainsi que la végétation alentour. Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, se rend ce mercredi en Corse pour rencontrer les agents chargés de la lutte contre la bactérie et des oléiculteurs inquiets.

Qui est Xylella fastidiosa ?

C’est une bactérie qui est transmise par des insectes se nourrissant de sève, cicadelles ou cercopidés. En piquant l’arbre, ils déposent la bactérie qui s’installe alors dans les tissus conducteurs de sève. L’eau ne peut alors plus remonter des racines vers les branches. Les symptômes de la maladie sont un flétrissement de la plante, dont les feuilles jaunissent ou rougissent.

Quels arbres en sont victimes ?

Xylella fastidiosa s’attaque aux vignes, elle a notamment fait des ravages dans les vignobles californiens dans les années 1990. La bactérie s’attaque également aux agrumes, aux plants de caféiers, au laurier rose, aux amandiers, au chêne, à l’érable et aux oliviers, entre autres. La bactérie n’est pas dangereuse pour la santé humaine mais peut avoir de graves conséquences économiques pour les agriculteurs.

Que craignent les oléiculteurs corses ?

Leur proximité géographique avec l’Italie leur fait redouter de se trouver dans la même situation que les producteurs d’olives des Pouilles : depuis octobre 2013, date à laquelle la bactérie aurait débarqué en Europe avec une cargaison de caféiers d’Amérique du Sud, les oléiculteurs du sud de l’Italie ont perdu au moins 10 % de leurs arbres. L’huile d’olive de Corse, qui bénéficie depuis 2011 d’une appellation d’origine protégée, fait travailler environ 500 producteurs sur une surface plantée de plus de 2.000 hectares.

Comment Xylella fastidiosa est arrivée en Corse ?

La bactérie avait déjà tenté une intrusion en France via le marché de Rungis à la mi-avril. La France avait pourtant banni toute importation de végétaux en provenance de la région infestée du sud de l’Italie mais c’est un caféier en provenance du Costa Rica qui l’aurait introduite. Le plant infecté a été facilement intercepté. Le 23 juillet dernier, c’est en Corse qu’a débarquée Xylella fastidiosa : elle a été détectée près de Propriano, sur un Polygale à feuille de myrte. Un plan d’urgence a été mis en place pour effectuer des prélèvements à proximité de la zone infectée, afin de savoir si la bactérie s’est répandue.

Que peut-on faire pour s’en protéger ?

Une fois la bactérie installée, il n’y a plus d’autre solution que d’arracher les plantes. Fin avril, la Commission européenne a banni l’importation de caféiers en provenance du Honduras et du Costa Rica et a ordonné la destruction de toutes les plantes susceptibles de porter la bactérie dans un rayon de 100m autour des zones infectées. Le préfet de Corse a doublé cette mesure d’un arrêté interdisant l’introduction d’environ 200 espèces de végétaux en Corse. Des contrôles de marchandises devaient garantir le respect de cette interdiction, mais des agriculteurs corses dénoncent le manque de contrôles en provenance de Sardaigne, d’où pourrait être originaire la bactérie arrivée à Propriano.