Climat: Dix ans après son entrée en vigueur, le protocole de Kyoto est-il déjà mort?
PLANETE•Entré en vigueur en 2005, c’était le premier engagement international de réduction des émissions de gaz à effet de serre…Audrey Chauvet
Seulement dix ans et déjà grabataire: le protocole de Kyoto, premier et unique engagement contraignant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, aura dix ans ce lundi. Entré en vigueur le 16 février 2005, il engageait 36 pays industrialisés à réduire de 5% leurs émissions de CO2 par rapport à 1990, l’année de référence. Reconduit dans une version minimaliste en 2012, le protocole de Kyoto semble déjà dépassé.
Seulement 15% des émissions de CO2 mondiales
Dès sa ratification en 1997, le protocole de Kyoto était mal parti: les Etats-Unis, responsables à eux seuls de 20% des émissions de CO2 mondiales, avaient refusé d’y prendre part. Basé sur un système de distinction entre pays industrialisés devant réduire leurs émissions et pays en développement exemptés de contraintes, le protocole de Kyoto a très vite été dépassé par l’émergence de la Chine, de l’Inde et du Brésil. La Chine est ainsi devenue le premier émetteur de gaz à effet de serre au monde en 2006, affaiblissant ainsi l’efficacité du protocole de Kyoto dès sa mise en œuvre.
Reconduit en 2012 pour une nouvelle période de huit ans, l’accord a encore perdu de son ampleur. Dénonçant l’absence des deux plus gros émetteurs de CO2, Etats-Unis et Chine, autour de la table des négociations, le Canada, la Russie et le Japon n’ont pas signé pour une deuxième période d’engagements. Seule l’Europe a voulu marquer son attachement symbolique à ce protocole en s’engageant à réduire ses émissions de CO2 de 20% d’ici à 2020. Mais aujourd’hui, les pays signataires ne représentent plus que 15% des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
A quoi ressemblera le prochain Kyoto?
Le sommet sur le climat (COP21) qui aura lieu en décembre à Paris aura pour objectif de donner naissance au nouvel accord qui remplacera le protocole de Kyoto en 2020. Alors que la Chine et les Etats-Unis ont donné des signes encourageants laissant augurer un futur engagement, les négociateurs qui étaient réunis à Genève cette semaine pour préparer le texte du prochain accord mondial contre le réchauffement climatique sont prudents: «Toutes les idées sont dedans, on n'a pas besoin d'en rajouter», a expliqué Laurence Tubiana, envoyée spéciale de la France chargée de préparer la conférence de Paris, s'empressant cependant de rappeler l'ampleur du travail à accomplir pour rapprocher des points de vue différents sur à peu près tous les sujets, à moins de 300 jours de la COP21 à Paris.