Conférence environnementale: Les tops et les flops de l’écologie sous François Hollande
ENVIRONNEMENT•Le bilan écolo des gouvernements successifs de François Hollande est plutôt contrasté…Audrey Chauvet
Bricq, Batho, Martin, Royal: le quarté des ministres de l’écologie n’est pas forcément gagnant pour les associations de défense de l’environnement. Alors que se tient ce jeudi la «conférence environnementale», que François Hollande avait instaurée à son arrivée à l’Elysée pour «ouvrir un dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social», le bilan du ministère de l’Ecologie est en demi-teinte. Retour sur les tops et les flops de la politique environnementale française.
Transition énergétique, sacs plastiques… Ségolène Royal met un coup d’accélérateur
Il se sera passé plus de choses en six mois au ministère de l’Ecologie que durant un an et demi auparavant. L’arrivée de Ségolène Royal, dont le poids politique est plus important que celui de ses prédécesseurs, a mis un coup d’accélérateur aux mesures environnementales. «Depuis l’arrivée de Ségolène Royal, il se passe quelque chose, estime Christophe Aubel, directeur de Humanité et biodiversité. Il y a une cristallisation due à son poids politique et à l’arrivée de la conférence des Nations unies en 2015.»
Pour preuve, la loi sur la transition énergétique, même si elle avait été amorcée sous Delphine Batho, a été adoptée par l’Assemblée nationale en octobre. Même si les associations déplorent un certain flou sur la place du nucléaire, le projet prévoit tout de même de réduire de 75% à 50% la part de l’atome en 2025 et de diminuer de moitié la consommation énergétique en France d’ici à 2050. Autre mesure phare portée par Ségolène Royal, l’interdiction des sacs plastiques à usage unique et de la vaisselle jetable à partir de 2016, a été votée en octobre. «Cette mesure va dans le bon sens mais on manque de visibilité sur les détails de son application», nuance tout de même Christophe Aubel.
Sivens, écotaxe, ours et loups… Des déceptions pour les écologistes
De Notre-Dame-des-Landes à la ferme des «milles vaches», en passant par la ZAD de Sivens où le jeune militant Rémi Fraisse a trouvé la mort en octobre, les écologistes déplorent le soutien du gouvernement à des projets contre lesquels se sont mobilisées des milliers de personnes. «Nous considérons que Rémi Fraisse est mort d’une mal démocratie, réagit Benoît Hartmann, porte-parole de France Nature Environnement (FNE). L’élaboration des décisions publiques ne se fait pas normalement, il faut un sursaut démocratique fort avec une meilleure prise en compte de la parole citoyenne». Ce jeudi matin, François Hollande a prôné le «référendum local» en cas de blocage sur de tels projets et s’est dit favorable à plus de «démocratie participative»: «Nous attendions du président de la République un signal sur cette question, se félicite Christophe Aubel. Maintenant, il faut revoir les procédures pour que l’autorité environnementale en région ne soit plus confiée aux préfets.»
Les transports sont en revanche toujours un sujet de désaccord entre le gouvernement et les associations. FNE a ainsi refusé de participer à la table ronde de ce jeudi sur le transport et les «mobilités durables» pour manifester son opposition à l’abandon de l’écotaxe, un «casus belli» pour le FNE. «On a fait au moins trois cadeaux fiscaux aux transporteurs routiers, déplore Benoît Hartmann, et en plus on suspend l’écotaxe. Comment fait-on alors pour financer une politique ambitieuse en matière de transports et de mobilité?»
Enfin, le refus de Ségolène Royal d’introduire un deuxième ours dans les Pyrénées et son soutien aux éleveurs en facilitant les tirs contre les loups, lui a valu les critiques de nombreuses associations de protection des animaux et de la biodiversité. «Ces décisions ne sont pas compréhensibles de la part d’un ministère qui affirme que la biodiversité est une priorité», tacle Benoît Hartmann.
La COP21, le test écolo du gouvernement
La France accueillera fin 2015 la 21e Conférences des parties des Nations unies sur le climat. Cette grand-messe internationale annuelle sur le climat a pour but d’aboutir à un accord global sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais les négociations patinent depuis l’échec de Copenhague en 2009. François Hollande espère faire de 2015 un succès de son quinquennat. «On voit bien que la reconversion écologique de François Hollande a pour horizon la COP21, mais il faudrait aussi l’incarner dans les faits», rappelle Benoît Hartmann.