Climat: avec plus de 9 milliards de dollars, le Fonds vert devient opérationnel
Le Fonds vert de l'Onu, chargé d'aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique et s'adapter à ses impacts, a levé jeudi 9,3 milliards de dollars pour quatre ans, ses premiers fonds propres qui le rendent désormais opérationnel.© 2014 AFP
Le Fonds vert de l'Onu, chargé d'aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique et s'adapter à ses impacts, a levé jeudi 9,3 milliards de dollars pour quatre ans, ses premiers fonds propres qui le rendent désormais opérationnel.
«C'est un jour historique» et «extrêmement important», s'est réjouie Héla Cheikhrouhou, la directrice du Fonds à l'issue de la première réunion formelle Berlin des donateurs du Fonds vert pour le climat (FVC) à laquelle participaient une trentaine de pays.
Le montant total des contributions s'élève à 9,3 milliards de dollars, indique un communiqué du FVC, qui tablait plutôt sur 10 milliards de dollars.
Avec environ 1,2 milliard de dollars, la Grande-Bretagne a apporté jeudi une contribution substantielle. Plusieurs pays ont abondé plus modestement le Fonds, à l'image du Panama qui a promis un million d'euros tandis que d'autres, comme le Canada ou la Pologne, devraient annoncer leur contribution lors de la conférence de l'ONU sur le climat de Lima qui s'ouvre dans 10 jours.
Avec ces contributions, le Fonds vert, créé officiellement en 2010, entre enfin dans une phase «opérationnelle», a relevé le secrétariat général de l'ONU dans un communiqué.
Berlin est «un premier pas mais le compte n'y est pas», a réagi dans un communiqué l'ONG Oxfam France, qui appelait à une capitalisation «d'au moins 15 milliards» de dollars pour les 4 prochaines années, et regrette que «des pays comme l'Australie, l'Autriche ou la Belgique n'aient toujours pas pris d'engagement».
Autre poids lourds de la protection de l'environnement, Climate Action Network a jugé «décevant» que la somme réunie n'atteigne pas les 10 milliards de dollars espérés. Mais «c'est une bonne nouvelle que le FCV», désormais doté de fonds propres, «puisse maintenant s'atteler à sa véritable tache», a ajouté le réseau d'ONG.
Le FVC, qui peut recevoir fonds publics et privés, dons comme prêts, doit financer des projets «verts» contribuant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre, notamment en luttant contre la déforestation; mais aussi à s'adapter aux impacts inévitables du changement climatique comme la montée des eaux.
La communauté internationale s'était engagée en 2009 à Copenhague à dégager 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 pour aider les pays les plus vulnérables à faire face au changement climatique.
Une partie encore non déterminée de cet argent transitera par le Fonds, mais pour l'heure, les pays les plus riches peinent à dégager les ressources financières à la hauteur de leurs engagements, au grand dam des pays du Sud.
De ce point de vue, la réunion de Berlin est un «moment essentiel pour montrer que la communauté internationale est sérieuse pour faire» du FVC «l'instrument clé, central dans l'architecture financière internationale» pour le climat, a estimé Mme Cheikhrouhou.
L'organisme est resté longtemps privé de moyens. Mais les annonces faites le week-end dernier, au G20 de Brisbane en Australie, où Etats-Unis et Japon ont respectivement promis 3 milliards et 1,5 milliard de dollars, lui ont donné un coup de fouet.
Ces sommes étaient venues s'ajouter à celles déjà promises auparavant, permettant au Fonds d'aborder le rendez-vous berlinois avec 7,5 milliards de dollars de promesses de contributions, émanant de 13 pays, comme la France et l'Allemagne (1 milliard chacun).
«Le changement climatique est un problème fondamental pour la survie de l'humanité», a insisté le ministre allemand du Développement, Gerd Müller, jugeant que la conférence de Berlin était le signe «que la communauté internationale est rassemblée» pour lutter contre ce problème.
Berlin est le signe que «nous n'allons pas abandonner les pays en développement» dans cette lutte, a abondé de son côté la ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks.
Cette réunion «va vraiment aider à créer un climat de confiance» lors de la réunion de l'Onu sur le climat à Lima, et, «éventuellement, pour avoir un accord à Paris» l'an prochain, a encore souligné Héla Cheikhrouhou.
La communauté internationale s'est donné pour objectif de conclure à Paris fin 2015 un accord mondial très ambitieux sur les réductions de gaz à effet de serre afin d'espérer limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pre-industrielle, contre la trajectoire actuelle de 3 à 4°C.