Royal veut faire une énergie d'avenir du bois de chauffage de son enfance
•La ministre de l'Energie Ségolène Royal a exprimé mardi son souhait de développer la production d'énergie à partir du bois, disant qu'elle avait toujours personnellement privilégié ce moyen de chauffage.© 2014 AFP
La ministre de l'Energie Ségolène Royal a exprimé mardi son souhait de développer la production d'énergie à partir du bois, disant qu'elle avait toujours personnellement privilégié ce moyen de chauffage.
Fait méconnu, le «bois énergie» (l'utilisation du bois comme combustible) est la «première source d'énergie renouvelable utilisée en France», représentant «80% de la chaleur renouvelable», a déclaré la ministre qui s'exprimait à l'ouverture d'un colloque sur la biomasse organisé par le syndicat des énergies renouvelables (SER) et France Biomasse énergie.
L'ancienne présidente de la région Poitou-Charentes a affirmé qu'elle avait été la «première présidente de région à équiper les lycées de chauffages à bois», malgré les oppositions, y compris au sein de sa propre majorité.
«Toute mon enfance, dans les Vosges, j'ai été chauffée au bois», a également dit Mme Royal, ajoutant qu'elle avait continué à se chauffer de cette manière «dans sa région» et invitant les industriels présents dans la salle à «améliorer la technologie des poêles à granulés à bois».
Elle a rappelé que les nouveaux prêts de la Caisse des dépôts (jusqu'à 5 millions d'euros sur 20 à 40 ans, sans apport initial) devraient permettre d'accélérer le déploiement de chaufferies collectives biomasse. L'objectif d'équiper 9 millions de foyers (contre 7,4 actuellement) de chauffage à bois devrait être atteint grâce à «la simplification du crédit d'impôts développement durable», a-t-elle déclaré.
La ministre a cependant souligné que si «la ressource forestière est abondante en France» - elle couvre près d'un tiers du territoire - «elle est fortement sollicitée: il convient donc de l'utiliser au mieux et de ne pas la gaspiller».
Il n'y a pas de risque en la matière, a répondu la directrice générale déléguée de l'Ademe, Virigine Schwartz, rappelant que la coupe du bois en France est très inférieure à l'accroissement naturel de la forêt.
Toutes essences confondues, la forêt française produit 85 millions de mètres cube de bois par an. Seule la moitié est récoltée.
Or ce «taux de prélèvement» pourrait être porté sans dommage à 75% afin de permettre à la France de respecter les objectifs qu'elle s'est fixés, a ajouté Mme Schwartz.
La loi de transition énergétique, dévoilée à la mi-juin, prévoit que la part des énergies renouvelables dans la consommation atteigne 23% en 2020 et 32% en 2030.
Autre sujet: si le bilan carbone de la filière est positif (émissions de CO2 dues à la combustion largement compensées par la fonction de puits carbone de la forêt) selon l'Ademe, la pollution aux particules fines générée par le chauffage au bois en «foyer ouvert» nécessite que les fabricants améliorent les performances des appareils, a souligné la ministre.
Enfin, Mme Royal recommande de sensibiliser les propriétaires d'hectares de forêt, «qui ne perçoivent pas toujours la valeur économique de leur bien».
La France compte 3,5 millions de propriétaires de forêts, dont 70% détiennent moins d'un hectare. C'est le cas de la ministre qui, dans sa déclaration de patrimoine publiée jeudi dernier, mentionne avoir acquis en 1989 une «parcelle bois» de «16 ares 80 ca» centiares pour 300 euros, évaluée à 500 euros à la date de la déclaration.
L'industrie du bois pèse environ 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires en France, et emploie au total environ 450.000 personnes. La filière bois énergie pourrait représenter 85.000 emplois en France en 2015, selon la ministre.