ASTROPHYSIQUEAstéroïdes: Le risque de collision avec la Terre est-il sous-estimé?

Astéroïdes: Le risque de collision avec la Terre est-il sous-estimé?

ASTROPHYSIQUESelon les scientifiques, le nombre de géocroiseurs est plus élevé, mais cela n’est pas forcément annonciateur d’une catastrophe…
Romain Scotto

Romain Scotto

Inutile de se planquer au sous-sol, d’évacuer femmes et enfants ou prier le Seigneur. En cas de collision avec un astéroïde important, la Terre entière serait défigurée. La dernière fois, il y a 65 millions d’années, cela avait d’ailleurs coûté la vie à toute une espèce, les dinosaures. Avant que l’humanité soit à son tour fossilisée, les scientifiques ont récemment réévalué les prédictions de collisions avec les «géocroiseurs de la Terre.» Selon la fondation américaine B612, les astéroïdes représenteraient une menace plus grande que prévue, sans pour autant que celle-ci soit particulièrement alarmante.

«Effectivement, on est en train de revoir le nombre d’objets à la hausse, mais nos marges d’erreurs ne changent pas», note Patrick Michel, astrophysicien et directeur de recherche au CNRS qui évoque une échelle temporelle allant de 500.000 à un million d’années. «Même si on a quelques objets en plus, le risque n’est pas très grand. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir.» Selon lui, 90 % des objets d’un kilomètre de diamètre, potentiellement responsables de la fin du monde, auraient déjà été repérés autour de la Terre.

L’équivalent de deux bombes d’Hiroshima explose chaque année

C’est pour les plus petits objets, de quelques mètres de diamètre, que le problème se pose réellement. Ces météores indétectables comme il en tombe chaque année 10.000 tonnes sur la planète (en général en mer ou dans les déserts), représentant l’équivalent en énergie de deux bombes d’Hiroshima. Pour le scientifique, il est impossible de baliser tout le ciel afin de les repérer. «Ce serait démesuré en termes de budget et de technique car ils sont soumis à des forces gravitationnelles qu’on sait mal prendre en compte.»

Les chercheurs se focalisent aujourd’hui sur les astéroïdes de 140m, la taille à partir de laquelle un objet pourrait détruire une région. A titre d’exemple, le météore qui a explosé au-dessus de Tcheliabinsk (Russie) l’année dernière, est considéré comme un phénomène local avec ses 1.200 blessés et ses 25 millions de dollars de dégâts. En clair, s’il s’était échoué dans l’Atacama, personne n’en aurait entendu parler.

L’arme nucléaire pour désintégrer les astéroïdes

Même si la menace est bien inférieure à celle des tsunamis ou les tremblements de terre, la communauté internationale planche tout de même sur la réponse idoine en cas de scénario catastrophe. A travers le projet AIDA, l’agence spatiale européenne tentera de dévier le satellite naturel d’un astéroïde qui frôlera la Terre en 2022. L’idée est de le heurter avec un objet artificiel comme dans une partie de pétanque galactique. «La capacité de dévier dépend du nombre de fragments expulsés dans la direction opposée à l’impact», précise Patrick Michel. Mais encore faut-il que la structure de l’astéroïde ne soit pas poreuse, pour que le projectile ne s’enfonce pas dans la surface.

Autre technique utilisée, le tracteur gravitationnel. Pour de petits objets, cela consiste à placer un satellite artificiel à proximité de l’astéroïde et d’utiliser son attraction pour le dérouter. Mais sachant qu’aucun signal ne peut être émis depuis la Terre pour le guider, il faut «doter le projectile d’un algorithme de reconnaissance de formes, ce qui rend l’opération complexe. Enfin, en dernier recours, il reste l’arme nucléaire. Une technique politiquement controversée qui a déjà fait ses preuves en 1999. Dans le film Armageddon.