Bernard Seret: «Sans requins, il y aurait une explosion de méduses»
INTERVIEW•Si les requins disparaissaient, les écosystèmes tout entiers seraient déstabilisés, explique l'océanographe...Propos recueillis par Audrey Chauvet
Présents dans les mers du globe depuis 400 millions d’années, les requins ont résisté à plusieurs cataclysmes géologiques mais pourraient bien ne pas résister à l’homme. Victimes des pollutions et de la surpêche, ces prédateurs deviennent aujourd’hui des proies dont la disparition aurait de graves conséquences. Bernard Séret, océanographe spécialisé dans l'étude des chondrichtyens (raies, requins et chimères) à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), tient ce mercredi une conférence à l’Institut océanographique au cours de laquelle il expliquera pourquoi la mer ne peut pas se passer des requins.
A quoi ressemblerait une mer sans requins?
Les écosystèmes seraient appauvris. Si on continue à prélever autant de requins dans le cadre de la pêche, nous arriverons à une explosion des méduses et à des booms planctoniques. On le voit déjà dans certaines zones où il n’y a plus les populations de poissons suffisantes pour réguler cela.
En quoi les requins sont-ils utiles à l’homme?
Ils sont utiles à leur écosystème car ils le régulent: étant en bout de chaîne alimentaire, ils équilibrent toutes les populations qui se situent avant eux dans la chaîne. D’autre part, le requin est une ressource alimentaire pour l’homme qu’il faut gérer comme les autres. Certaines espèces ont fait l’objet de réglementations, mais d’autres sont toujours menacées. Il faut aller vers une pêche contrôlée et raisonnée le temps que les stocks se reconstituent.
Que peut-on encore faire pour les sauver?
Mettre des espèces sur des listes pour les protéger, c’est bien, mais selon moi il y a deux outils qui marchent très bien: les aires marines protégées, car pour conserver une espèce il faut protéger le milieu dans lequel elle habite, et les pêcheries certifiées, qui concilient la préservation du stock de poisson et les intérêts économiques pour les pêcheurs. Ces labels se développent mais il n’en existe encore que deux pour les requins.