Munich, l'autre pays du vélo
REPORTAGE•La ville de Munich est l'invitée d'honneur de la Biennale de l'habitat durable qui se tient en juin à Grenoble. «20 Minutes» est allé voir ce que les Bavarois ont à nous apprendre...Audrey Chauvet
A Munich,
«Je m’engage, par la présente, à ne jamais avoir de voiture». Cette clause de contrat un peu particulière a été signée par une vingtaine de locataires du nouveau quartier Messestadt, à l’est de Munich. Dans cet éco-quartier, certaines rues sont réservées aux bus, d’autres aux riverains, et la piste cyclable mène, pour les musclés des mollets, au centre-ville à 12km.
Un homme, un vélo
Avec des pistes cyclables quasiment dans toute la ville, totalisant 1.200km, Munich est une des capitales européennes du vélo. Pourtant, pas de Vélov’ ou de Vélib’ ici: «Tous les Munichois ont leur vélo!», explique Bernhard Fink, responsable de conception à la MVV, la régie de transport munichoise. Dans la capitale bavaroise, plus de 15% des trajets se font en vélo. Mais cela ne semble pas encore assez aux yeux du service de l’environnement de la ville malgré les embouteillages de vélos qui existent déjà.
Dans le cadre du projet Pumas, qui permet à plusieurs villes européennes proches des Alpes (Lyon, Turin, Munich, Vienne…) de partager leurs expériences en termes de mobilité, des efforts particuliers vont être faits par Munich pour inciter les habitants à réellement utiliser leur vélo. Une application pour smartphone est en développement pour permettre de calculer son trajet en combinant par exemple transports en commun et vélo, et des réductions sur le prix d’achat de vélos pliables sont offertes à ceux qui veulent partir le matin en métro avec leur deux-roues sous le bras.
Amendes sur deux-roues
Plus compliquée à gérer sera la possibilité de garer son vélo en ville. Déjà bien occupée par les voies routières, les pistes cyclables, les trottoirs et les places de parking, la ville n’a pas réellement la place d’accueillir de nouveaux parcs à vélos. «Pour cela il faudrait supprimer des places de stationnement et ce serait un suicide politique pour la mairie!», juge Markus Spring, en charge du projet Pumas pour la ville de Munich. Selon lui, le problème pourrait devenir crucial, d’autant plus que des amendes tombent déjà en masse sur les vélos mal garés.
En revanche, les deux-roues ont la cote chez les promoteurs. Alors qu’une loi imposait aux constructeurs de logements de prévoir une place de parking par appartement, ils doivent aujourd'hui prévoir des emplacements pour les vélos. Mais dans une ville déjà dense, les constructions neuves ne sont pas légion. Le vélo partagé pourrait donc être une solution: il permettrait de réduire le nombre de vélos en circulation dans la ville et les stations pourraient être localisées à des endroits stratégiques, comme les grandes stations de métro ou de train. «Mais pour cela nous dépendons des prochaines élections», pense Markus Spring, qui espère que le projet Pumas mènera Munich vers «le meilleur système combinant transports en commun et vélo d’Allemagne et peut-être même d’Europe» d’ici à 2015.