PEOPLE«On vous autorise à vieillir à Hollywood!»

«On vous autorise à vieillir à Hollywood!»

PEOPLEC'est l’actrice Michelle Pfeiffer, 50 ans, qui le dit. En réalité, c’est plus compliqué…
 
  - H. HANSCHKE / REUTERS
Sandrine Cochard

Sandrine Cochard

A 50 ans passés, les actrices sont-elles toujours les bienvenues à Hollywood? Alors que les studios vouent plus que jamais un culte à la jeunesse et à la fraîcheur, les actrices confirmées qui affichent plusieurs années au compteur doivent s’adapter, sous peine de voir le nombre de rôles qui leur sont proposés se réduirent comme une peau de chagrin. Dès lors, quelle stratégie adopter?


Forever young


«Plus on vieillit, moins on vous propose de rôles», a reconnu mardi Michelle Pfeiffer, en marge de la 59e Berlinale où elle présentait son dernier film. A 50 ans, les années ne semblent pourtant pas avoir de prise sur l’actrice, devenue «sans âge» selon «Télérama».«Je fais du sport, je suis heureuse et j'ai de bons gènes... et aussi, j'ai arrêté de fumer assez tôt, ça aide!», a ajouté l’actrice tout en précisant: «Quand je travaille, je prends grand soin de moi-même, et quand je ne travaille pas... je ne me montre pas.» «Dès 40 ans, les actrices sont mises sur la touche, car Hollywood n’a pas encore intégré qu’à cet âge, il était encore possible de démarrer une nouvelle vie, voire une nouvelle famille, confirme Laurence Pieau, rédactrice en chef du magazine people "Closer". La vie va plus vite qu’Hollywood. C’est pourquoi ces actrices sont plus dans le contrôle de leur image à partir d’un certain âge.»


Gym, Botox, bistouri… Les actrices qui ont misé sur leur physique doivent sortir les grands moyens pour garder leur silhouette de jeune première. Mais cette course à la jeunesse peut inciter les actrices à en faire toujours plus, comme le souligne Madonna dans son clip «Hollywood» où on la voit se faire injecter du Botox.




«Meg Ryan a tenté de remédier aux effets de l’âge par la chirurgie esthétique, sans succès», note néanmoins Gael Golhen, rédacteur en chef adjoint de Premiere.fr. Car si on fait quelque chose, il ne faut pas que cela se voit. Mais Michelle Pfeiffer reste confiante. «On vous autorise à vieillir à Hollywood. Certaines d'entre nous continuent à travailler, en voici un bon exemple», a-t-elle assuré.


Pourtant, de Meg Ryan (47 ans) à Demi Moore (46) en passant par Sharon Stone (bientôt 51 ans), nombreuses sont celles à avoir disparu du grand écran. Pour exister de nouveau, il leur faut recoller avec leur ancienne image (Demi Moore dans «Charlie’s Angels 2», en 2003) ou faire des concessions sur leur sex appeal. «On ne peut pas fuir son âge et ces actrices sont rattrapées par les années: on leur propose des rôles de mères ou de femmes mûres, même plus jeune que leur âge réel, mais certainement plus des rôles de jeunes premières», souligne encore Laurence Pieau. Pour durer, il faut donc accepter de vieillir.


Jouer la maturité


C’est d’ailleurs le conseil que donne Meryl Streep aux jeunes pousses: «Il faut jouer avec son image. Il n'y a pas que le glamour qui compte. Accepter d'apparaître sous un jour peu reluisant peut vous apporter une certaine longévité.» «Meryl Streep voit son travail enfin reconnu, mais elle ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt très clairsemée des actrices âgées qui tournent toujours, souligne Gael Golhen. Sa trajectoire est néanmoins très intéressante: elle a commencé avec des rôles où elle n’était pas forcément à son avantage alors que ses derniers rôles ("Le diable s’habille en Prada", "Mamma mia") sont beaucoup plus légers, presque frais.»


Susan Sarandon (62 ans) a également choisi cette voie, avec succès, ne connaissant pas ou peu de traversée du désert dans sa filmographie. Son dernier film, «Speed racer» (2008), s’adresse d’ailleurs à un public jeune.




On pourrait également citer Glenn Close, dont la série «Damages» repose entièrement sur ses épaules. «C’est de toute façon difficile d’être une actrice à Hollywwod, conclut Gael Golhen. Après quelques échecs commerciaux, le studio Warner a déclaré en octobre 2007 qu’il ne financerait plus de scénario reposant sur un rôle principal féminin.» Et si le pire ennemi des actrices à Hollywood n’était pas leur âge mais un machisme persistant?

En 2005, Rosanna Arquette a soulevé le problème du jeunisme d’Hollywood dans le documentaire «Searching for Debra Winger» qui interroge les actrices sur les difficultés de leur métier.