INTERVIEW«L’image sexy et arrogante, ce n'est pas le bon filon», confie Nabilla

Nabilla: «Je me suis retrouvée prisonnière parce que mon personnage faisait trop de bruit»

INTERVIEWDans son livre « Trop vite » qui paraît ce jeudi, Nabilla Benattia se confie sur son enfance, sa surexposition médiatique, sa folle histoire d’amour, et son incarcération…
Clio Weickert

Propos recueillis par Clio Weickert

A quelques semaines de son procès qui s’ouvrira le 19 mai, Nabilla Benattia veut ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. Pour la première fois depuis cette nuit du 6 au 7 novembre 2014, où les secours et la police retrouvèrent la jeune femme dans une chambre d’hôtel en compagnie de son petit ami Thomas Vergara, poignardé à la poitrine, la jeune femme a décidé de tout mettre à plat.

Elle se raconte dans Trop vite, un livre autobiographique écrit avec le journaliste Jean-François Kervéan, qui parait ce jeudi (chez Robert Laffont), et tente d’expliquer ce qui l’a conduite sous les feux des projecteurs et derrière les barreaux d’une prison durant presque deux mois. A cette occasion, 20 Minutes a rencontré la jeune femme, déchirée entre son personnage « Nabilla » et la véritable Nabilla Benattia.

Pourquoi avez-vous eu besoin d’écrire ce livre ?

Pour que les gens comprennent comment j’en suis arrivée là, mon ascension comme mon malheur. Comprendre quelle a été mon éducation, les problèmes que j’ai pu traverser durant mon adolescence, les manques que j’ai pu avoir. Pour vraiment savoir comment j’ai pu péter un plomb, il aurait fallu vraiment me connaître. Il fallait que j’écrive et que je mette les choses au clair sur plein de choses, j’ai vraiment voulu dire la vérité.

Pensez-vous à un moment donné avoir été dépassée par votre personnage de « Nabilla » ?

Je me suis retrouvée prisonnière parce que mon personnage faisait trop de bruit. Dès qu’on parlait de Nabilla, c’était « connerie », « bimbo », « gros seins », « vulgaire »… J’en rigolais, je voyais qu’on parlait de moi, j’avais 19-20 ans. Et à un moment donné, je me suis dit : « ce n’est pas ce que t’es toi, tu es en train de te perdre dans un personnage que les gens n’aiment pas » ! Je me suis rendue compte que j’étais partie sur la mauvaise voie.

Après cette fameuse nuit du 6 au 7 novembre 2014, avez-vous compris très vite que plus rien ne serait comme avant ?

Oui. Les menottes, la garde à vue, la déposition, et puis quand je rentre chez moi je vois que personne ne me répond… Ensuite, on me dit que je vais aller dans un centre de détention à Versailles… Et bizarrement, c’était dur pour moi, j’allais vraiment mal, je souffrais, et en même temps j’avais l’impression que j’étais libérée, que j’allais enfin pouvoir montrer qui je suis.

En lisant votre livre, on a l’impression que Thomas Vergara et vous aviez besoin d’une sorte d’électrochoc pour sortir de cette surexposition médiatique…

Mais tellement ! C’était une échappatoire pour moi ! Tous les jours je regarde le ciel et je dis merci ! Vous m’avez sauvée et j’ai pu me sortir de ce tourbillon, de tous les soirs passés à la télé devant deux millions de personnes, d’être rabaissée… Il fallait cet événement, il le fallait pour que je m’en sorte, sinon je serais peut-être morte. C’est triste à dire mais s’il y avait eu autre chose, pas assez fort, je n’aurais jamais pu m’en sortir. Comme je le dis dans mon livre, je ne cherche pas à ce qu’on me pardonne, je veux juste expliquer.

Éprouvez-vous de la culpabilité aujourd’hui ?

Oui, j’en ai éprouvé pendant un bon moment. Mais aujourd’hui, j’ai vraiment envie de tourner la page. Je n’ai pas parlé pendant longtemps parce que j’avais besoin de faire le deuil, je me suis vraiment cachée parce que j’estimais que ma place n’était plus dans la lumière après ça.

En avez-vous discuté longuement avec Thomas Vergara ?

Pendant toute cette année et demie, on a parlé, on s’est disputés… Vous imaginez bien que dans un couple, après un truc comme ça, il y a forcément des remords d’un côté et de la haine de l’autre. On a tous les deux une part de culpabilité, et les médias nous ont aussi essorés comme des citrons, ils ont donné de nous une mauvaise image. Ça nous a blessés, on est juste un petit couple de jeunes… Mais comme là on n’en parle plus entre nous, j’ai l’impression qu’on a fait le deuil tous les deux. Même si parfois il touchait sa cicatrice, il y réfléchissait… Ça l’a marqué.

Et aujourd’hui, vous vous exprimez dans ce livre. Au fond, souhaitez-vous que la justice vous entende ?

J’aimerais qu’ils comprennent mais ce n’est pas mon objectif principal. Je voulais vraiment que Thomas comprenne, les gens aussi, car ce sont eux qui m’ont fait. Et après oui, que la justice comprenne, mais si ce n’est pas le cas, je ne sais pas quoi faire.

Avec votre expérience, conseillerez-vous aux jeunes femmes de passer par la téléréalité ?

Non. Il faut vraiment être trop solide et ça laisse vraiment des séquelles. Je ne sais pas s’il y a de l’avenir dedans et c’est trop compliqué d’assumer, c’est tellement mal vu. Non, je préfère qu’elles fassent autre chose.

Qu’est-ce qui vous a donné la force de surmonter tout cela ?

J’aime beaucoup la vie et je pense qu’il faut toujours garder la tête haute. Après, j’ai eu plein d’épreuves douloureuses, j’ai manqué de mon père, de ma mère. Il y a plein de trucs qui m’ont fait souffrir et je me suis endurcie au fil du temps. Maintenant pour pouvoir me faire tomber, il faut être très fort.

Au final, pensez-vous être restée une jeune femme comme les autres ?

Grave ! A l’heure d’aujourd’hui je ne me prends pas pour une autre, je fais mon petit parcours. J’espère que ça va servir d’exemple pour ceux qui voulaient faire ça, que les jeunes femmes ne pensent pas que ça vient tout de suite comme ça. Qu’elles comprennent que c’est très dévastateur, et que l’image sexy et arrogante, ce n’est pas le bon filon. J’ai essayé et ça ne marche pas !