On a visité Paris avec Invader
insolite « 20 Minutes » a assisté à une promenade autour des œuvres du street artistMaud Noyon
Avec ses carreaux et son échelle sous le bras, Invader incruste ses bestioles pixelisées dans les rues de Paris depuis plus de quinze ans. Et alors que l'invasion nocturne, et largement illégale, tourne à l'épidémie avec 1 026 œuvres, il n'entend pas arrêter de sitôt. Il y a « une vraie excitation à marquer une ville comme Paris », explique le mystérieux street artist qui essaime désormais dans 80 villes de la planète. Planqué sous un masque, Invader avait convié vendredi une vingtaine de journalistes à une visite de la capitale.
Voir toujours « plus grand »
L'occasion aussi pour lui de repérer un nouveau « spot » ou de noter une disparition. « Il y a des street artists jaloux, des propriétaires pas contents. Quand il reste une “cicatrice”, je remets la pièce au même endroit », comme à plusieurs reprises sur la maison de Gainsbourg, raconte-t-il. Ces attaques sont autant de défis à envahir « plus haut » et « plus grand », comme sur cette cheminée de la place de Bastille qui lui a coûté quelques vertiges. Pour ce nostalgique des jeux vidéo « Pac-Man » et de « Space invaders », les murs et quelques galeries sont aujourd'hui son terrain de jeu. Mais il ne reste jamais bloqué à un niveau et ne carrelle jamais la même chose : place du Palais Royal, on trouve un « camo », un camouflé, en beige sur fond beige, une autre pièce emprunte au jeu « Bubble bobble », rue Rambuteau, ou au Rubik's cube, rue d'Aboukir. D'autres sont aux couleurs des plaques parisiennes, comme rue de la Roquette, histoire de « s'adapter à la ville ». Question de survie : si certaines œuvres ont fondu dans la muraille d'un coup de peinture, 40 % des pièces posées à Paris ont été complètement détruites.
Après leur pose, Invader s'empresse donc de leur tirer le portrait et va publier le deuxième tome de ses photos*. On découvre ainsi que certains invaders sont le travail d'admirateurs, comme à la station Jaurès. Des fans très actifs sur la Toile qu'il a parfois retrouvés dans les rangs de la police — ce qui ne l'a pas empêché de finir quelques « nuits d'invasion » au poste. Qu'importe, puisque, pour lui, « chaque pièce posée, c'est une aventure ».
* « L'invasion de Paris 2.0 / Prolifération »,
sortie prévue fin avril.