Législatives: Les Parisiens déterminés dans leur vote, «pourquoi ne pas voter en semaine?»
REPORTAGE•Entre exercer un contre-pouvoir ou constituer une majorité présidentielle, les électeurs parisiens ont fait leur choix, plutôt déterminés une fois devant l'urne...Camille Anger
L'essentiel
- Dans la 18e circonscription, deux candidats investis par le PS et les LR se revendiquent de la majorité présidentielle. Une nouveauté pour les électeurs
- Dans la 16e circonscription, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis se trouve face à l’actuel secrétaire d’Etat chargé du numérique Mounir Mahjoubi
- Un porte-parole se présente dans la 5e circonscription, Benjamin Griveaux de La République en marche face à la députée sortante socialiste Seybah Dagoma
Ernest et Paola, tous deux âgés de 28 ans, viennent d’accomplir leur devoir citoyen. Ils sortent de la mairie du 18e arrondissement, « sans enthousiasme ». Il est 13 heures, place Jules-Joffrin, le tiers des inscrits de ce bureau a voté et près de la moitié à 18 heures. Au même moment, à Paris, le taux de participation à Paris a chuté de 4 points par rapport à 2012 (36,59 %). Mais les votants, eux, sont déterminés.
Dans la 18e circonscription, au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron avait remporté 37,12 % des suffrages et Jean-Luc Mélenchon 20,16 %. Myriam El Khomri, l’ancienne ministre du Travail investie par le Parti socialiste, arbore sur son bulletin « une majorité présidentielle de progrès ». Un autre, Pierre-Yves Bournazel (LR) se réclame également de cette majorité. Lui qui avait signé l’appel pour répondre à la « main tendue » de Macron a reçu le soutien du Premier ministre, vendredi. De quoi rendre perplexe les électeurs.
Autant en emporte les supporters de la majorité
Ernest et Paola ont bien discuté avant de se décider à voter ce dimanche au premier tour des législatives. L’enjeu, pour eux, « c’est de choisir le candidat le plus marketé “En Marche !” ». Pour le fonctionnaire, être soutenu par Edouard Philippe (LR), c’est un signe. Pourtant, Myriam El Khomri a côtoyé Emmanuel Macron entre 2015 et 2016 à l’Elysée. « Mais ce gouvernement a été éjecté », déclare Paola.
Pour Stéphane* et Adrien* aussi, c’est jour de vote obligé. Le second n’est « pas mécontent de voter… sans oublier Roland-Garros ». Stéphane s’apprête à mettre son bulletin dans l’urne. « Pour donner les clés à Macron », il se montre dérouté de devoir choisir entre deux candidats issus de LR ou du PS. Il aimerait connaître « le candidat capable de faire basculer l’assemblée ». « Va-t-il tirer à gauche ou à droite ? »
Entre PS et La république en marche
Un tout autre cas de figure se présente dans la 16e circonscription. Ici, pas d’affrontement pour soutenir la majorité présidentielle. Au premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (30,52 %) avait devancé Emmanuel Macron (29,92 %). Mais, le député sortant et premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis va-t-il conserver son siège à l’Assemblée nationale ?
Danièle, fonctionnaire, a toujours voté mais son choix varie en fonction des élections. Sûre de son vote au premier tour, elle le sera aussi au second : à gauche. Par contre, cette habitante du 19e arrondissement atteste « n’avoir jamais croisé la moitié des candidats ». Celui de La République en marche et secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, le plus jeune du gouvernement, n’évoque rien pour cette retraitée. Pierre, ancien technicien EDF, s’alarme lui du plafond de la retraite voulu par le gouvernement. « Il faut un contre-pouvoir », se défend-il. Selon le sexagénaire, « le PS et LR ont failli à leur tâche. Le PS sera balayé même si la mairie reste à gauche. »
Quant à la 5e circonscription, même confrontation entre le Parti socialiste et La République en marche possible. Avec un porte-parole pro-Macron cette fois : Benjamin Griveaux (LREM) face à la députée sortante socialiste Seybah Dagoma. Au premier tour de la présidentielle, Emmanuel Macron (39,85 %) a devancé de 20 points Jean-Luc Mélenchon (19,80 %). Aux abords de la mairie du 3e, les macronistes ne se cachent pas. Josseline*, fonctionnaire a voté avec conviction pour l’actuel président. Elle continuera dans ce sens. Elle fait part d’un besoin de réformes et réclame « plus de libertés pour les entreprises face au diktat des syndicats ».
Murielle apprécie beaucoup moins l’actuel gouvernement et critique le « maintien d’un vieux système ». Ses yeux pétillent à l’idée « d’une nouvelle constitution ». A ses côtés, son compagnon, Jean-Luc, met en avant un « vrai problème de représentativité du peuple à l’Assemblée nationale ». Pour plus de participations, il s’interroge. « Pourquoi ne pas instaurer un jour de vote en semaine ? »
*Les prénoms ont été modifiés