Manifestation après l'élection de Macron: «L'objectif, c'est d'établir un rapport de force d'emblée»
REPORTAGE•Au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, plusieurs milliers de personnes ont participé à une manifestation anticapitaliste organisée par le Front social ce lundi à Paris…Caroline Politi
D’emblée, Agnès tient à mettre les choses au clair. Oui, elle a voté pour Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle mais c’était avant tout pour faire barrage au Front national. « J’ai peur de sa politique, j’ai l’impression qu’il est la voix du Medef. Il se dit au centre mais, pour l’instant, je le sens surtout à droite », confie la pimpante cinquantenaire en exhibant sa pancarte « Vote Républicain mais pas programme Macron ». « C’est lui qui a gagné, pas ses idées. C’est ce qu’on veut lui dire aujourd’hui », poursuit son amie Clara, qui avait glissé un bulletin pour Benoît Hamon au premier tour du scrutin.
« Aucune adhésion autour de son programme »
Ce lundi, ils étaient plusieurs milliers à avoir répondu à l’appel du collectif Front social pour « l’égalité des droits contre un précariat généralisé ». Une foule hétéroclite, composée de militants politiques, syndicaux – essentiellement de la CGT et Sud – mais également d’antifascistes, d’écologistes, de défenseurs de la cause animale ou de citoyens affiliés à aucun parti mais « inquiets » après l’élection du leader d’En Marche.
« La seconde force du pays, ce sont les abstentionnistes et ceux qui ont voté nul, note Sally, 19 ans, fidèle soutien de Jean-Luc Mélenchon. Et même parmi ceux qui ont voté pour Macron au second tour, combien l’ont fait par adhésion ? L’immense majorité a voté pour lui par peur du FN. » Pour cette étudiante en géographie, comme pour son amie Léa à ses côtés, le nouveau président de la République n’a aucune « légitimité ». « Il n’y a aucune adhésion autour de son programme », estime cette dernière.
« Un jour, ça suffit, Macron démission »
La foule s’est élancée aux alentours de 14 h 30 de la place de la République, direction la Bastille, en scandant « un jour, ça suffit, Macron démission » ou « En marche, en marche, en marche arrière ». Sur les pancartes, les manifestants ont rivalisé d’originalité. « En Marx », « Nous ne serons jamais des winners, connard ! » ou « Bienvenue Macron, on aura ta peau ». Une chorale, celle qui s’était formée pendant Nuit debout, a repris des chants révolutionnaires mais également l’hymne des femmes ou « Merci Patron ». Malgré quelques débordements en tête du cortège, la manifestation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, encadrée par un très important dispositif de sécurité.
« L’objectif, c’est d’établir un rapport de force d’emblée, qu’il n’oublie pas le pouvoir de la rue, explique Romane, militante au NPA Jeunes. On veut montrer à Macron qu’on sera là lorsqu’il voudra casser le Code du travail avec des ordonnances comme il l’a annoncé. »
Parmi les manifestants, nombreux étaient ceux qui avaient déjà participé aux manifestations du printemps contre la loi Travail. « Il nous promet de continuer le travail de Valls et Hollande, on veut lui montrer que nous résisterons à sa politique », assure Pedro, 25 ans, étudiant en physique. A peine élu, pas encore investi, mais déjà sur la sellette.