PRISONFleury-Mérogis: Six surveillants blessés après une bagarre entre détenus

Fleury-Mérogis: Bagarre dans le quartier des mineurs, six surveillants pénitentiaires hospitalisés

PRISONLes surveillants de la prison de Fleury Merogis (Essonne) tentaient jeudi de séparer deux jeunes en train de se battre lorsqu’ils ont été pris à partie par six autres détenus, également mineurs…
Caroline Politi

Caroline Politi

Vingt minutes interminables. Jeudi, aux alentours de 13h20, une bagarre d’une rare intensité a éclaté dans le quartier des mineurs de la prison de Fleury-Mérogis, dans l’Essonne. Six surveillants ont été blessés et brièvement hospitalisés en tentant de séparer les détenus. Le bilan est lourd : hématomes, fracture du bras pour l’un d’entre eux, entorse du coude pour un autre… Deux autres gardiens passent actuellement des examens complémentaires pour déterminer si, dans un cas, la rate a été touchée, dans l’autre, les ligaments du genou sont rompus.

« C’était extrêmement violent, comme ça peut parfois l’être avec les ados, assure Thibault Capelle, secrétaire FO à la prison de Fleury-Mérogis. Nos collègues ont été roués de coups de pied et de poing, notamment au niveau du visage. »

A l’origine de ces heurts, une bagarre entre deux détenus. « Au moment de les emmener en promenade, deux mineurs ont commencé à se battre », assure une source interne. Les surveillants interviennent pour les séparer mais quelques instants plus tard, six autres mineurs plongent dans la mêlée. L’alarme retentit, des renforts arrivent. « Entre les premiers coups et le moment où les fauteurs de trouble ont regagné leurs cellules, il s’est passé vingt minutes. C’est peu, mais ça paraît très long quand vous vous faites tabasser », poursuit le syndicaliste.

Quartier disciplinaire

Sept mineurs ont été placés en quartier disciplinaire. Le dernier, étant âgé de moins de 16 ans, ne peut pas y être envoyé. Tous sont détenus pour des faits de droit commun (violences, vols aggravés…). Si toutes les pistes sont encore à l’étude, notamment celle d’un guet-apens, l’hypothèse d’une rivalité entre deux bandes opposées est pour l’heure privilégiée.

Le quartier des mineurs de Fleury-Mérogis, la plus grande prison d’Europe, comptait au 1er mars, 87 détenus. « La principale difficulté dans ce secteur vient du fait que les mineurs, prévenus et condamnés, petits délinquants et meurtriers, sont mélangés. Structurellement, on n’a pas la possibilité de faire de l’encellulement différencié », assure Arnaud Arame, secrétaire local de la CGT.

Ce type d’agression reste néanmoins rare : la dernière remonte à 2014. « Ça ne prend heureusement pas souvent de telles proportions, mais la violence est permanente dans le quartier des mineurs, poursuit son homologue de FO. Ces détenus vont systématiquement au conflit. »

Blocage de l'établissement

L’administration pénitentiaire a mis en place une cellule psychologique pour accueillir le personnel, particulièrement choqué par l’affaire. Un rassemblement a également eu lieu ce vendredi midi devant Fleury-Mérogis à l’appel des trois syndicats. Le personnel a également voté le blocage de l’établissement à partir de lundi soir. En clair: les arrivées seront suspendues, mais également les permissions de sorties et les extractions pour se rendre à des convocations. Les syndicats réclament plus de personnel mais également une fouille de la prison.