Ils louent des Ferrari et promettent des pointes à 180 km/h dans Paris
SÉCURITÉ ROUTIERE•Un élu parisien par en guerre contre ces loueurs, aux Champs-Elysées ou près de la tour Eiffel, qui vous mettent au volant de bolides et vous garantissent « un moment de pure adrénaline »…Fabrice Pouliquen
Elles vous attendent le long du trottoir de larue Bassano, qui fait un angle droit avec l’avenue des Champs-Elysées au niveau du magasin Louis Vuitton. Une Ferrari jaune et une Lamborghini noire, côte à côte. « Une Huracan, précise Adel* au sujet de la Lamborghini. Elle vient de sortir. Nous sommes les seuls à l’avoir sur Paris. »
Smartphone greffé à l’oreille et doudoune aux couleurs de sa start-up, l’homme ne lâche pas du regard ses deux bolides. Les passants peuvent poser devant pour la photo, « mais ne touchez pas les voitures s’il vous plaît », recadre-t-il immédiatement lorsque les touristes s’approchent trop près.
90 euros les 20 minutes en plein Paris
Par contre, si vous êtes prêt à y mettre le prix, Adel peut vous mettre au volant de ces voitures sur puissantes. Voilà pourquoi il fait le pied de grue rue Bassano. Rien ne l’indique sur place, mais sa start-up fait dans la location de voitures de prestige pour des courtes durées. Comptez 90 euros pour 20-25 minutes pour conduire la Ferrari en plein Paris et 200 euros pour la Lamborghini. Mais Adel vous promet « un moment unique ».
La start-up d’Adel n’est pas la seule sur cette niche. Jean-Bernard Bros, président des Radicaux de gauche, centre et indépendants, invite aussi « à regarder aux abords de la tour Eiffel et de la Concorde ». Mercredi dernier, nous avons fait chou blanc pour ce qui est de la tour Eiffel. Mais place de la Concorde, effectivement, Karim* patiente en attendant les clients dans une Ferrari rouge. Lui aussi propose le tour de 20 minutes dans Paris « pour 89 euros », assurance comprise cette fois-ci. Le tarif grimpe à 130 euros pour les 30 minutes. « Je suis chauffeur professionnel, si vous voulez des sensations fortes, je peux conduire. Mais si vous êtes un fana de voiture et que vous voulez conduire, il n’y a pas de problème », nous lance Karim auprès duquel nous nous faisons passer pour un client intéressé.
Le permis de conduire… et encore
Ces propos inquiètent Jean-Bernard Bros qui a déposé, en novembre dernier, au conseil de Paris, un vœu demandant à ce que « la préfecture de police de Paris augmente les contrôles auprès des conducteurs des voitures de sport de location de courtes durées. » « Je n’ai rien contre les amateurs de conduite sportive, mais il y a des lieux pour ça, des circuits fermés notamment, précise-t-il. Ces loueurs mettent au volant de voitures surpuissantes des conducteurs pouvant être inexpérimentés dans des zones de forte densité urbaine, au milieu des cyclistes, des piétons, des automobilistes. »
C’est vrai qu’Adel comme Karim ne s’embarrassent pas trop de détails. Ils demandent simplement un permis de conduire. Et encore… « Si vous l’oubliez le jour même, une pièce d’identité ou une carte vitale peut me suffire », raconte Karim. Il assure alors qu’il s’occupera de tout en cas de contrôle par la police. « La plupart du temps, la police ne parle même pas avec mes clients pour la simple et bonne raison qu’ils sont étrangers, explique-t-il. En cas de contrôle, 90 % du temps, cela se passe bien. »
« On pourra monter à 180 km/h »
Ces loueurs d’un genre particulier vous promettent alors que vous pourrez des pointes à toute allure. « Dans Paris, c’est 50 km/h, on ne fait pas le c** », tempère Karim. Mais le circuit qu’il propose, comme celui de Adel d’ailleurs, passe par les quelques kilomètres de souterrain de la partie ouest de la voie George-Pompidou. « Il n’y a pas de radar dans le tunnel du pont de l’Alma, lance, satisfait, Adel. On pourra monter à 180 km/h. Enfin, plutôt le matin. »
Jean-Bernard Bros dit l’essor de ce type de location récent. Adel et Karim affirment de leur côté proposer leur service depuis 2011. La préfecture de police serait consciente du problème, notamment depuis que le conseil de Paris a voté le vœu du groupe des Radicaux de gauche. Contactée, la préfecture de police de Paris n’a pas répondu à nos questions.
*Tous les prénoms ont été changés