Paris: Le Musée de l’érotisme vend sa collection aux enchères
PARIS•Le sulfureux musée de Pigalle (18e arrondissement) ferme et vend tous ses objets aux enchères ce dimanche…Audrey Chauvet
Combien pour cette statuette au pénis surdimensionné ? Ou pour cette gravure d’une maison close parisienne ? Ce dimanche, les quelque 700 objets qui composaient le Musée de l’érotisme de Paris vont être vendus aux enchères. L’institution de Pigalle ferme en effet ses portes, faute de visiteurs. Les propriétaires ont besoin de se renflouer et pour cela, ils ont confié à la maison de ventes Cornette de Saint Cyr le soin de revendre leurs objets plus ou moins étranges.
De 100 à 10.000 euros
Allant de l’art contemporain aux statuettes votives, la collection du Musée de l’érotisme, constituée patiemment par ses deux fondateurs Alain Plumey et Joseph Khalifa, retrace l’évolution de l’art érotique à travers les siècles. Bertrand Cornette de Saint Cyr, en charge de la vente, assure qu’il y en aura pour tous les goûts et toutes les bourses : « Les objets les moins chers relèvent de l’art tribal : il y a par exemple des reproductions d'objets précolombiens ou de statues grimaçantes avec un côté érotique accentué ». Compter une mise à prix autour de 100 euros pour ce genre de statuettes.
Pour les plus gros budgets, les œuvres d’art contemporain qui ornaient le musée seront également mises en vente. « L’objet le plus étrange de cette vente est peut-être l’énorme statue en bronze qui était à l’entrée du musée et qui représente une étreinte entre un homme-robot et une femme. Elle date des années 1990 et est estimée à 7.000-8.000 euros », commente Bertrand Cornette de Saint Cyr.
L’objet le plus cher de la vente est une guitare électrique, pour laquelle les enchères commenceront aux alentours de 10.000 euros. Ironiquement, elle n’a pas beaucoup de lien avec la sexualité, si ce n’est un dessin « érotisant », selon les termes du commissaire-priseur, réalisé par un artiste américain.
Pigalle s’assagit
Les Parisiens passionnés par l’histoire des maisons closes auront également la possibilité d’acquérir des documents de la collection Romi, du nom du journaliste de Paris Match et historien des mœurs, qui a accumulé les photos et documents sur les bordels parisiens. « C’est un fonds documentaire non négligeable sur le sujet », commente Bertrand Cornette de Saint Cyr.
La vente, qui se fera en deux sessions (10h et 14h30 le 6 novembre au 6 avenue Hoche, dans le 8e arrondissement), sera donc éclectique, à l’image de ce qu’était le musée. A Pigalle, la vitrine du musée de l’érotisme s’éteindra dimanche.
Après les sex-shops, qui laissent progressivement la place aux « love stores » bien proprets, Paris perd encore une institution de l’érotisme qui amusait ou décevait, mais ne laissait personne indifférent.