Paris: Dimanche, on se baigne tous à la Villette?
BAIGNADE•C’est du moins l’invitation lancée par le Laboratoire des baignades urbaines expérimentales en marge de la première édition de la Fluctuat, une course réservée aux nageurs licenciés...Fabrice Pouliquen
Baignade gratuite et ouverte à tous ce dimanche, à partir de 15h dans le bassin de la Villette. L’invitation est alléchante surtout en ces jours caniculaires. Elle est lancée par le Laboratoire des baignades urbaines expérimentales, un collectif d’amis qui multiplient depuis quatre les « baignades pirates » dans les plans d’eau de la capitale, bravant ainsi l’interdit municipal.
Pas d’amendes ce coup-ci ?
Mais cette fois-ci, le Lab’est nettement moins discret sur la baignade de ce dimanche et Jérémy, l’un des membres, se dit plutôt confiant : « Nous ne devrions pas avoir d’amendes ce coup-ci ». L’événement a même son groupe Facebook et annonce se greffer à la première édition de la Fluctuat, une journée de courses en eau libre qu’organise la Fédération française de natation (FFN) le même jour et dans ce même bassin de la villette.
Pourtant, cette baignade ouverte à tous n’est pas au programme officiel de la Fluctuat. « L’ARS (Agence régionale de Santé) nous autorise à mettre à l’eau que des majeurs et des personnes licenciées », précise à 20 Minutes Louis-Frédéric Doyez, directeur général de la FFN. Mais le Lab’apparaît bien dans les partenaires institutionnels de la Fluctuat et Louis-Frédéric Doyez ne cache pas sa sympathie pour le collectif. Tout comme d’ailleurs Célia Blauel, l’adjointe au maire d’Anne Hidalgo chargée de l’eau. « Ce sont des gens intéressants et responsables, je leur fais confiance pour que la baignade collective qu’ils préparent se fasse dans de bonnes conditions », indique-t-elle.
« Se réapproprier l’espace aquatique urbain »
Il faut dire que tout ce petit monde -le collectif, la FFN et la mairie de Paris- poursuit un même but : « permettre aux Parisiens de se réapproprier leur espace aquatique urbain ». Ce dossier est devenu un serpent de mer de la politique parisienne. Anne Hidalgo l’a remis sur le devant de la scène le 8 mai dernier en annonçant vouloir que certaines épreuves des JO 2024 se déroulent dans la Seine si la candidature de Paris était retenue.
Une énième promesse ? « Cette fois-ci, les choses avancent », estime Célia Blauel. L’élue EELV en veut justement pour preuve la première édition de la Fluctuat ce dimanche – qui compte à ce jour 300 nageurs licenciés inscrits- ou encore la deuxième édition de l’Open swim stars qui s’est tenue début juillet déjà à la Villette. « Jusque-là, les organisateurs de ces courses obtenaient des refus systématiques de la part de l’ARS et du préfet, rappelle Célia Blauel. Les mentalités évoluent, les autorités sont moins frileuses d’autant que la qualité de l’eau s’est beaucoup améliorée ces dernières années à Paris. Ces courses en eau libre sont alors l’occasion de montrer que nous pouvons organiser des baignades sur les plans d’eau parisiens, au moins ponctuellement. »
Une zone de baignade à La Villette pour l’été 2017
L’étape d’après ? En juillet 2014, Célia Blauel expliquait à 20 Minutes vouloir ouvrir d’ici la fin de la mandature deux zones de baignades au lac Daumesnil et au bassin de la Villette, plus facile à sécuriser que la Seine. « Nous avons bien avancé, déclare-t-elle aujourd’hui. Je suis très optimiste sur l’ouverture d’une première zone de baignade à La Villette à l’été 2017, en marge de Paris Plage. » De son côté, le Lab’dit aussi travailler avec la mairie de Pantin pour créer une zone de baignade sur le canal de l’Ourcq, un peu plus en amont. « Cela n’a pas pu se faire cet été, mais en 2017, cela devrait être bon », indique Jérémy.
Garder la Seine en tête
S’il s’en félicite, Louis-Frédéric Doyez n’en oublie pas pour autant la Seine et la perspective de compétitions des JO 2024 dans le fleuve. « C’est moins évident à sécuriser, mais cela aurait bien plus de cachet, estime-t-il. Surtout, cet objectif nous obligerait à rendre la Seine au plus vite praticable, notamment en améliorant encore la qualité de l’eau. »
Célia Blauel garde aussi ce cap bien en tête. « En 2014, on nous riait au nez lorsque nous évoquions notre projet d’ouvrir des zones de baignades à La Villette. Nous sommes aujourd’hui en passe de le faire. Nous arriverons aussi un jour à le faire sur la Seine. »