Paris: «Abominable», «mauvaise image»… Les riverains sont excédés par l’entassement des poubelles
GREVE•Les principaux sites de traitement des déchets de la région parisienne étaient toujours bloqués ce jeudi par des salariés, chauffeurs, et agents en grève contre la loi travail…Romain Lescurieux
«C’est abominable », lance entre deux services, un cafetier de la place Gustave Toudouze (9e arrondissement). A quelques mètres de sa terrasse, les sacs-poubelle et des cagettes usagées jonchent le sol ou s’entassent dans les bennes à ordures ouvertes. « Les éboueurs sont passés dans la semaine mais n’ont pas tout pris, donc ça s’entasse au plus près d’où nos clients déjeunent. C’est insupportable », s’exclame une restauratrice du quartier qui espère une régularisation rapide de cette situation qui encombre le 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e et 17e arrondissement.
Les principaux sites de traitement des déchets de la région parisienne étaient toujours bloqués ce jeudi par des salariés, chauffeurs, et agents en grève contre la loi travail. Face à une collecte des poubelles très perturbée, avec un tiers de grévistes parmi les conducteurs de camion-benne, la Ville a cependant annoncé « redéployer » son dispositif afin de faire enlever les poubelles par des entreprises privées. Pour les riverains, l’image de Paris en prend tout de même un coup à la veille du coup d’envoi de l’Euro de football.
« Les odeurs vont remonter et les rats vont arriver »
« C’est gênant, c’est sale et nous nous sentons impuissants », déplore Nadine, habitante du quartier. « Mais avec la chaleur, les odeurs vont remonter et les rats vont arriver. A la veille d’une compétition comme l’Euro et avec les touristes qui vont venir à Paris ça donne une très mauvaise image de la France. C’est regrettable », peste celle qui mentionne aussi la grève dans les trains. « J’ai un couple de Coréens qui arrive demain pour un Airbnb, ils vont être ravis », ironise un autre riverain devant un amoncellement de déchets.
Depuis début juin, les actions à l’appel de la CGT pour protester contre le projet de loi travail se font par intermittence, devant les garages de camions bennes ou les déchetteries du Syctom (agence métropolitaine des déchets). Déplorant ces « actes de blocage », la maire de Paris a souligné qu’en « période de décrue progressive de la Seine, la collecte des déchets est un enjeu sanitaire particulièrement important ». « Ils ont un impact strictement local, qui pèse sur la vie quotidienne », regrette-t-elle. Bruno Julliard, a aussi tenu à réagir sur cette situation.
« Nous sommes très inquiets »
Le premier adjoint à la mairie de Paris, s’est dit jeudi « très inquiet par l’absence de propreté dans un certain nombre d’arrondissements » de la capitale, soulignant que la décrue de la Seine « impose une surveillance sanitaire majeure ».
« La situation est très regrettable », a-t-il déclaré sur Sud Radio et Public Sénat. « Nous sommes très inquiets et préoccupés par l’absence de propreté dans un certain nombre d’arrondissements. Il faut faire extrêmement attention à cette situation sanitaire en cas de décrue de la Seine ». « Au-delà de tout cela, il y a l’image de notre pays, l’image de notre capitale. Et puis il y a quand même un ras-le-bol de nos concitoyens », a-t-il ajouté.
« En ce qui nous concerne, la maire de Paris, Anne Hidalgo, moi-même, et l’ensemble de l’exécutif, nous discutons avec la CGT quotidiennement (…) pour essayer de trouver les compromis d’un déblocage rapide », a encore indiqué le premier adjoint. « Il se trouve que la totalité des revendications sont des revendications nationales relatives à la loi travail. C’est la raison pour laquelle, au-delà de ce que nous pouvons faire à Paris, nous appelons à la réouverture d’un dialogue avec la CGT et l’ensemble des syndicats qui le souhaitent ». « Il faut sortir de cette situation de blocage. Cela n’a que trop duré », a-t-il affirmé.