Pour rendre hommage aux victimes des attentats de janvier, la mairie de Paris avait tout prévu : des plaques commémoratives, une plantation d’oliviers ou encore l’inauguration d’un Café Charlie, place de la République. Puis le terrorisme a de nouveau frappé la capitale, le 13 novembre, ajoutant 130 noms à la liste des victimes du djihadisme recensées en 2015 en France.

Depuis, la municipalité a logiquement dû revoir ses plans. Ce jeudi, Bruno Julliard, l’adjoint à la culture d’Anne Hidalgo, a d’ailleurs confirmé aux journalistes réunis avant le conseil de Paris de lundi ce que tout le monde savait : « Tout ce qui a pu être dit il y a quelques semaines concernant les dispositifs de commémoration pour les attentats du 7-Janvier n’est plus à l’ordre du jour. » Tout, à l’exception probablement des plaques commémoratives, dont l’installation a déjà été votée.

Un « fonds public et accessible à tous »

Pour le reste, la mairie se trouve devant une page blanche, ou presque. Seule certitude : un « fonds public et accessible à tous », où seront rassemblés les objets déposés sur les lieux des fusillades en hommage aux victimes, va voir le jour, a annoncé Bruno Julliard. Les dessins, messages, poèmes et photos détrempés par la pluie seront séchés, restaurés et numérisés par les Archives de Paris, pour ensuite former un « corpus ouvert au public et aux chercheurs », selon le directeur des Archives de Paris, Guillaume Nahon, cité par l’AFP.

« "La boîte bleue est terminée." Et les étagères déjà pleines. #archives #AttentatsParis pic.twitter.com/4h3J0WbhDR — Lucie Soullier (@LucieSoullier) December 10, 2015 »

En parallèle, « le Musée d’histoire de la ville de Paris pourrait [aussi] accueillir dans son fonds une partie de ces hommages-là, notamment certains objets », a ajouté Bruno Julliard sur Europe 1.

« .@BrunoJulliard Un fond public rassemblera l’ensemble des mots/objets déposés en hommage au #Bataclan #E1Midi https ://t.co/ZdNbE37gNi — Europe 1 (@Europe1) December 10, 2015 »

Sabrina, qui a fondé le collectif 17 Plus Jamais, pour entretenir la mémoire des victimes de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, accueille la nouvelle avec une satisfaction teintée d’agacement. « Rien n’a été fait après les attentats de janvier, peste-t-elle. Dès février, nous sommes allés voir la mairie avec deux idées, la plantation de 17 oliviers et la création d’un livre d’or au pied de la statue de la place de République, mais on nous a envoyés paître. » Seulement, cette fois, reconnaît-elle, la municipalité semble décidée à passer à l’action.

Un hommage commun le 10 janvier ?

S’agissant de l’espace public, la mairie de Paris devrait ainsi soutenir l’idée d’un lieu unique de commémoration, sur lequel elle devrait communiquer « très bientôt », indique Bruno Julliard. Alors qu’une association milite pour faire du Bataclan un symbole, devant lequel elle souhaite installer un monument à 100.000 euros, la mairie penche, elle, plutôt pour la place de la République. Une indication qui confirme les pistes de réflexion de la municipalité, qui nous confiait, il y a quelques jours, vouloir « prendre en compte le nouveau statut de la place depuis janvier ». Que va-t-elle y installer ? Bruno Julliard ne le dit pas, se contentant d’évoquer un « geste d’hommage pérenne ».

Mais pour Sabrina, « il est important qu’on fasse plus qu’une plaque commémorative ». Pour aller plus loin, elle demande d’ailleurs à « faire partie de la table ronde pour réfléchir » à la meilleure manière de rendre hommage aux victimes des attentats. Elle devrait rencontrer Bruno Julliard à la mairie prochainement, après une première rencontre informelle ce jeudi. Ils pourraient ensuite se retrouver le 10 janvier, à 14h, sur la place de la République, à l’occasion du rassemblement organisé par 17 Plus Jamais. A moins que la mairie n’annonce, de son côté, une « marche silencieuse ».