JUSTICEProcès des parents d'Inaya à Melun: « Il y en a au moins un des deux qui ment »
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Procès des parents d'Inaya à Melun: « Il y en a au moins un des deux qui ment »

JUSTICELa fillette âgée de 20 mois avait été battue jusqu'à la mort lorsqu'elle a été découverte enterrée en forêt de Fontainebleau. La cour d'assises de Seine-et-Marne juge ses parents...
La défense de Bushra Taher Saleh, ici représentée par Mes Jean Chevais et Nathalie Grard. C'est de l'accusée dont il sera question ce lundi, à la cour d'assises de Seine-et-Marne.
La défense de Bushra Taher Saleh, ici représentée par Mes Jean Chevais et Nathalie Grard. C'est de l'accusée dont il sera question ce lundi, à la cour d'assises de Seine-et-Marne. - J. H.
Jane Hitchcock

Jane Hitchcock

20h18

Ce live est désormais terminé. Cette deuxième journée d'audience a été marquée par l'apparition du visage d'Inaya sur les écrans de la cour d'assises, dès la réouverture des débats. Elle a aussi été caractérisée par les dépositions des nombreux travailleurs sociaux qui ont suivi les accusés et leurs trois enfants. Une question demeure malgré l'intervention des avocats de la partie civile tels que Mes Rodolphe Constantino, Marie Grimaud, Vanina Padovani ou encore l'ex-ministre François Baroin: comment personne n'a pu remarquer la disparition de la petite, alors même qu'elle venait d'être rendue à ses parents après un placement qui aura duré un an ? Interrogés, les accusés se sont de nouveau rejeté la responsabilité du décès de leur fille. Ils doivent être à nouveau questionnés mercredi.

19h41

« J’ai peur pour l’avenir » des deux enfants encore vivants du couple

«C’est moi, qui ai consulté les sites Internet sur le suicide, pas Madame », lance Grégoire Compiègne à Me Marie Grimaud, l’une des représentantes de la partie civile. C’est que le matériel informatique des accusés a été passé au peigne fin lors de la perquisition de son domicile, le 22 janvier 2013, la veille de la découverte : les policiers ont révélé que le couple avait consulté de nombreux sites sur le « suicide sans douleur » mais aussi des sites dédiés aux procès d’infanticides.

Quelques minutes plus tôt, Grégoire Compiègne a frisé l’insolence avec la présidente Catherine Katz… « Je n’ai pas assumé mon rôle de père comme j’aurais dû l’assumer… Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? ». Il frôle maintenant l’effronterie devant Me François Baroin, à qui il demande de ne pas être « coupé » dans ses réponses.

Ce qu’il veut pour ses deux enfants encore vivants ? « Je leur souhaite le bonheur, la réussite. Ce qu’ils traversent, c’est quelque chose qui me touche profondément. Ils en garderont un cicatrice à vie, qui ne guérira peut-être pas. J’ai peur pour leur avenir. »

19h01

« C’est vrai : les services sociaux, je ne les porte pas dans mon cœur »

«Certaines personnes ont dit que je leur inspirais de la peur. C’est possible : j’ai un regard froid. Mais est-ce que ça fait de moi un criminel ? Un psychopathe ? J’impressionne peut-être mais ce n’est pas volontaire. C’est vrai : les services sociaux, je ne les porte pas dans mon cœur », consent l’accusé, qui interdisait aux assistantes familiales d’habiller de telle ou telle sorte Inaya et qui se montrait « virulent » à leur égard. « Avec du recul, je me demande pourquoi je réagissais de cette manière », admet-il, confus. Sur les plaintes pour violences conjugales retirées par son ex-compagne ? « Je n’ai pas frappé Madame Taher. Elle a toujours pu faire ce qu’elle voulait. Elle me disait que sa seule famille était moi et nos enfants. Je ne l’ai jamais empêchée d’appeler sa famille… Au jeu du discours différent à chacun, elle est très forte. »

18h39

« Au début, je ne chargeais pas Madame Taher Saleh parce que j’avais encore des sentiments pour elle »

La présidente Catherine Katz s’étonne : « C’est un paradoxe, d’avoir deux parents qui ont caché la mort de leur fille pendant un an et qui aujourd’hui se rejettent la faute… Il y en a au moins un des deux qui ment ». L’accusé Grégoire Compiègne lâche : « C’est vrai. Au début, je ne chargeais pas Madame Taher Saleh parce que j’avais encore des sentiments pour elle ». La magistrate veut recentrer les débats sur le rôle du jeune homme dans la décision d’enterrer Inaya en forêt. Elle parle d' « enfouissement », l’accusé s’énerve : « Je ne peux pas vous laisser parler comme ça ». La présidente : « Non mais avez-vous conscience de l’endroit où vous êtes, Monsieur ? ». Le père de famille, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité - soit le maximum prévu par la loi compte tenu qu’il est en état de récidive - revient à la raison, se tait, et répond aux questions suivantes, sur un ton monocorde, les mains jointes sur son ventre. « Vous êtes ici en tant que présidente, moi en tant qu’accusé, c’est effectivement à vous de juger. »

18h21

« Mademoiselle Taher pensait qu’Inaya était possédée »

Quelques jours après cette brûlure, Grégoire Compiègne raconte un nouvel épisode de violences. « Mademoiselle Taher pensait qu’Inaya était possédée. Elle lui a récité une sourate. La petite criait de plus en plus en fort. Elle l’a attrapée par son cou et lui a dit « Sheitan, sors de ce corps ». Ma fille a eu de nouvelles difficultés à respirer et ensuite, elle ne respirait plus. Je ne savais pas quoi faire, j’ai tenté de lui faire un massage cardiaque, pendant que Mademoiselle Taher lui faisait du bouche-à-bouche. Je n’ai peut-être pas assez appuyé, son corps étant déjà marqué par des bleus… »

La présidente reprend la parole : « Je note que cette version des faits revient aujourd’hui. Bon, pourquoi pas. Pourquoi n’intervenez-vous pas si vous, qui êtes plus costaud qu’elle, constatez que votre compagne est très violente à l’égard de votre fille ? ». L’accusé : « J’essayais tout le temps. Et je parle aussi des violences qu’elle exerçait sur notre fils, qui m’accuse. J’essayais plutôt de privilégier le discours, la morale ».

18h06

L’audience est reprise, avec l’interrogatoire de l’accusé, père d’Inaya, Grégoire Compiègne

La présidente Catherine Katz vient de donner la parole à Grégoire Compiègne, 26 ans aujourd’hui. « Toute la comédie que Madame a jouée… Alors qu’elle a donné la mort à mon enfant… Je suis en colère », dit-il spontanément, avant de raconter cet épisode durant lequel la petite Inaya a été victime d’une brûlure à la tête, pendant la douche. « Elle [Bushra Taher Saleh] avait puni Inaya, qui réclamait son assistante familiale. Elle est partie la chercher alors que la petite était sur son lit, fermement, pour l’emmener dans la salle de bains. A ce moment-là, je surveillais les enfants. Et puis j’ai entendu crier : j’y suis allé. Madame avait le pommeau de douche entre les mains et Inaya pleurait. Madame m’a répondu qu’elle avait oublié d’allumer le robinet d’eau froide. Elle a fini de nettoyer Inaya. J’ai regardé de plus près ce qu’elle avait sur le front. C’était rouge : je suis allé prendre des glaçons pour refroidir la plaie. Plus tard dans la nuit, elle s’est réveillée en pleurant : des cloques commençaient à apparaître sur son front. Mais vu qu’Inaya avait déjà des bleus, dus à sa mère… Si on l’avait emmenée à l’hôpital, on nous l’aurait prise. Le lendemain matin, c’était pire, c’était horrible… Pour un enfant de cet âge-là, qui n’avait rien fait à personne… »

17h43

L'interrogatoire de l'accusée est terminé. L'audience est suspendue pendant un quart d'heure.

17h36

« J’ai mis des petites tapes à Inaya parce que Monsieur Compiègne me reprochait de vouloir passer pour la trop gentille »

Bushra Taher Saleh est désormais interrogée par son avocat, Me Jean Chevais, qui lui demande si les coups qu’elle a pu porter à ses enfants auraient pu causer la mort de la petite Inaya, 20 mois. « Non », hurle-t-elle encore en pleurant. « Ce n’est pas possible […] J’ai mis des petites tapes à Inaya parce que Monsieur Compiègne me reprochait de vouloir passer pour la trop gentille » auprès de leur fille…

L’avocat de la défense a maintenant une question « un peu plus légère » pour sa cliente : « Tout le monde ici vous traite de menteuse… Pourquoi avez-vous menti ? », lui demande-t-il. « Parce que j’avais peur de Monsieur Compiègne », n’a de cesse de répéter l’accusée.

17h26

« J’aurais voulu qu’elle [Inaya] m’appelle maman »

Bushra Taher Saleh avait mal au cœur d’entendre sa petite Inaya réclamer l’assistante familiale chez qui l’enfant a été placée pendant un an et non elle, sa « maman. J’aurais voulu qu’elle m’appelle maman. Oui, je l’ai engueulée, alors qu’elle n’avait que 15 mois. Mais je ne l’ai jamais violentée. Je l’a secouée mais pas avec la tête comme une folle. Et puis je l'ai mise dans son lit, pour aller m'occuper des deux autres. C'est vrai que ce n'est pas correct, ce que j'ai fait. Que j'aurais dû parler avec elle... Mais Monsieur Compiègne me laissait m'occuper des enfants toute seule », dit encore (et encore) l'accusée à l'avocat adverse.

17h13

Ce que l’accusée aime le plus au monde ? « Les enfants »

«Je vous l’avais dit Madame le Président, je n’interrogerai les accusés sur les faits qu’à la toute fin [des débats] : nous aurons peut-être d’autres mensonges [d’ici là]. Je serai donc bref cet après-midi », annonce l’avocat général, qui se tourne désormais vers le box où Bushra Taher Saleh se trouve, encadrée, avec son ex-compagnon, par cinq gendarmes. « Pendant les écoutes téléphoniques [fin 2012, alors qu’Inaya était morte dans le secret depuis un an], on vous entend faire une véritable déclaration d’amour à Monsieur Compiègne… » Bushra Taher Saleh veut s’expliquer : « Même si j’étais loin de lui [le père d’Inaya, qu’elle accuse des violences habituelles à l’origine du décès de l’enfant], j’étais sous son emprise et je l’aimais un peu, quand même ».

Me Fatthi Irguedi, le défenseur de Grégoire Compiègne, se lève à son tour pour poser des questions à l’accusée. « Qu’aimez-vous le plus au monde ? », lui demande-t-il. « Les enfants », répond-elle. « Pourquoi ne les protégez-vous pas, en ce cas ? ». Bushra Taher Saleh répète encore et encore qu’elle avait peur de son ex-compagnon, qui la battait, elle, et ses enfants.

17h01

« Vous devez vous dire que je suis une mère indigne et je comprends », répond l'accusée en larmes depuis une heure

«Beaucoup de vos larmes interpellent », remarque Me François Baroin, représentant de l’association La Voix de l’Enfant. « D’habitude je ne pleure pas comme ça. Vous devez vous dire que je suis une mère indigne et je comprends. Mais j’étais une femme battue. Je n’ai pas eu le courage de saisir les mains qu’on m’a tendues. J’ai eu peur, il m’a menacée de mort et de ne plus voir mes enfants. Je vous assure que je ne mens pas », répond Bushra Taher Saleh, acculée par la partie civile, qui vient d'en finir avec son interrogatoire.

16h47

« Votre scénario ne tient pas la route »

L’interrogatoire de Bushra Taher Saleh par les représentants de la partie civile se poursuit. « C’est uniquement de la peur, que Monsieur Compiègne vous inspirait ? », demande Me Vanina Padovani, pour l’association L’Enfant Bleu, en abondant : en 2011, « Vous avez deux enfants, il vous bat - c’est ce que vous nous dites - et vous avez un troisième enfant alors même que vous aviez les moyens de contrôler votre contraception ? Votre scénario ne tient pas la route », s’emporte l’avocate… La présidente Catherine Katz donne maintenant la parole à Me Rodolphe Constantino, pour Enfance et Partage. « Vous devriez vous souvenir du mois de la mort d’Inaya, non ? » L’accusée : « Je sais qu’il faisait nuit, qu’il faisait froid. C’était après le 29 novembre 2011, en décembre, mi-décembre je crois ». Me Constantino, toujours : « Vous l’avez mise dans des sacs-poubelle mais dans sa plus belle robe, avec des souliers de princesse comme vous l’avez précisé… Mais alors pourquoi lui avoir mis une couche ? ».

16h24

« Je n’ai pas tué ma fille ! », crie l’accusée en pleurant

«Plus vous parlez, plus je me perds dans vos paroles. Au-delà de l’avocate que je suis, je suis également une mère. Dites-vous la vérité ? », demande à l’accusée Me Marie Grimaud, représentante de l’association Innocence en Danger. Bushra Taher Saleh, impatiente : « Je ne vous mens pas ! », hurle-t-elle dans le micro, des trémolos dans la voix.

« On ne s’engueule pas avec un enfant d’un an et demi, non. Je voulais juste qu’Inaya sache qui avait accouché d’elle. Je n’ai pas tué ma fille. Tout ce que j’ai fait, ma faute, c’est de ne pas les avoir protégés. Vous ne savez pas ce qu’on a vécu ! » Elle n’arrive plus à prononcer un mot : elle veut une pause, que la présidente refuse. « Je souhaite qu’on continue votre audition, reprenez votre calme, prenez un verre d’eau. »

16h10

« Pourquoi l’avoir enfouie [Inaya] dans trois sacs-poubelle ? Pourquoi ne pas l’avoir enveloppée dans un drap ? »

Sur les faits. La présidente entre dans le vif du débat. « Avez-vous vu les violences ? », demande-t-elle à la mère d’Inaya. « J’étais là. Il lui a mis des coups de pied, des coups de poing et il l’a secouée. Quand il frappait mes enfants, quand il frappait ma fille, il me disait que ça ne me regardait pas, que c’était entre lui et elle. Je sais que j’ai eu des occasions d’aller voir la police mais je ne pouvais pas : il me menaçait. »

Catherine Katz la présidente interroge maintenant Bushra Taher Saleh sur les circonstances de l’enfouissement du corps d’Inaya, en forêt de Fontainebleau, à quelque 800 mètres du domicile familial. « Ce n’est pas moi qui ai pris la décision d’aller enterrer Inaya. » La magistrate : « Pourquoi l’avoir enfouie dans trois sacs-poubelle ? Pourquoi ne pas l’avoir enveloppée dans un drap ? ». Elle : « Je ne savais pas quoi faire. Je ne pensais à rien. Je ne pensais pas que ma fille était un détritus. Je ne sais pas quoi vous dire ». Sur les sourires esquissés pendant l’année où le décès d’Inaya a été dissimulé ? « C’était des sourires de façade. Je n’ai rien caché, je ne reviendrai plus sur ce que j’ai dit à la juge d’instruction. »

16h03

« J’ai tout avoué, je ne sais pas comment j’ai fait pour cacher ça »

La présidente demande à l’accusée pourquoi elle a d’abord mis en cause son fils dans la mort d’Inaya, puis elle-même, puis le père de la petite. Bushra Taher Saleh répond très simplement, en se posant toujours en victime : « Quand ma fille est morte, il [son ex-compagnon] m’a interdit d’en parler. Même s’il n’était pas à côté de moi à ce moment-là [en garde à vue], par peur, j’ai d’abord parlé de mon fils, puis je me suis mise en cause, avant de dire la vérité ».

La présidente rappelle que le frère aîné d’Inaya a probablement tout vu de ce qu’il s’était passé le jour du drame : « En tout cas, lui, doit savoir la vérité », lance la magistrate. « J’ai tout dit, tout avoué. Je ne sais pas comment j’ai fait pour cacher ça », répète l’accusée.

15h51

« Je frappais Inaya, c’est vrai, mais pas comme Monsieur Compiègne le faisait »

«Une tape sur la main, une tape sur les fesses : c’est tout ce que j’ai fait à mes enfants. J’ai pris des coups à la place de mon fils. J’ai peur de cet homme, je vous dis Madame la Présidente. Il nous prenait par la gorge pour ne pas qu’on crie. »

« J’étais à la maison avec notre troisième enfant, Monsieur Compiègne était avec notre fils et Inaya, dehors. A la maison, Inaya pleurait beaucoup. Elle réclamait son assistante familiale. C’est vrai que je me suis engueulée avec elle [Inaya, 15 mois à l’époque], mais je n’ai fait que la gifler. » Vendredi, Grégoire Compiègne, le père de la petite, a expliqué à la cour et au jury populaire que la mère d’Inaya ne supportait pas que sa fille ne l’appelle pas « maman ».

« C’est vrai que je frappais Inaya, mais pas comme Monsieur Compiègne le faisait. Pourquoi j’ai fat ça ? Ma fille, je ne l’ai pas bien connue : on me l’a prise à l’âge d’un mois. Je ne l’ai frappée qu’une fois. Elle n'avait pas de bleus. »

15h44

« C’est vrai, que c’est lourd à porter, pendant un an… », dit l’accusée en évoquant le secret de la mort de la petite Inaya

Bushra Taher Saleh continue de s’expliquer devant la cour d’assises de Seine-et-Marne. Elle dépeint l’ambiance familiale : « Je ne triche pas Madame la Présidente. Vous ne pouvez pas savoir tout ce que j’ai vécu. Je n’étais pas courageuse. Il [son ex-compagnon, le père d’Inaya] m’a toujours menacée, il fouillait mes affaires quand je rentrais du travail… Il fouillait tout. C’est vrai, que c’est lourd à porter, pendant un an [le secret de la mort de la petite et son enterrement en forêt de Fontainebleau]… J’attendais juste des aides extérieures ».

15h33

« Je ne voulais pas mentir », se défend l’accusée

«Je ne voulais pas mentir, cacher la mort de ma fille. Je voulais tout dire, mais c’est lui qui m’en a empêchée. » Catherine Katz, la présidente de la cour d’assises, visiblement peu convaincue, demande à l’accusée comment elle a pu aller aussi loin dans ses mensonges, à tout le monde, « plus loin que nécessaire » ? Bushra Taher Saleh : « J’étais tellement sous son emprise, que je faisais ce qu’il me disait. Il ne voulait pas qu’on parle d’Inaya au téléphone ». Savait-elle que la police l’avait placée sur écoute, pour évoquer cette précision ? « Non, je ne le savais pas », répond l’accusée à la présidente, perspicace. Depuis jeudi, il n'a rien échappé des débats à la mère de famille: dans leurs dépositions, vendredi, les enquêteurs de la brigade des mineurs ont fait part, à la barre, de leur étonnement quant à l'absence des enfants dans les conversations téléphoniques du couple.

15h26

Selon la mère d’Inaya, son mari lui a dit « Si je tombe, tu tombes avec moi »

Bushra Taher Saleh, 29 ans aujourd’hui, continue de raconter sa version des faits. « C’est toujours moi qui parlais de mes enfants. C’est lui qui a déchiré leurs photos ! Je ne suis pas violente. J’en avais marre qu’on me prenne mes enfants, sans même avoir le temps de leur dire au revoir. Ma fille est décédée devant moi : j’étais sous le choc. J’ai dit à Monsieur Compiègne que je voulais aller voir la police, puis je suis allée dans la cuisine pour essayer de me suicider. Il m’a dit de faire ça comme ça. Il m’a dit "Si je tombe, tu tombes avec moi". Ce n’est pas que je ne voulais pas protéger mes enfants, c’est que je ne pouvais pas les protéger. »

L’accusée est invitée à expliquer le jour du décès d’Inaya. « Ce jour-là : il était énervé plus que d’habitude. Il m’a demandé de la promener un peu. Je l’ai promenée dans la salle à manger. Il l’a prise, l’a ramenée dans la chambre, la poussée contre le mur. Il lui a donné des coups de pied et de poing et l’a secouée, en lui disant "Réveille-toi". Elle ne respirait plus. J’ai essayé un massage cardiaque, le bouche-à-bouche… J’étais sous le choc. Je me souviens qu’il faisait nuit, que c’était l’hiver, c’est tout. »

15h19

« J’ai le sentiment d’avoir été manipulée » par l’accusée, dit le travailleur social

«Vous dites n’avoir rien vu, devant l’aplomb de Madame », rappelle le défenseur de Grégoire Compiègne. « Oui, elle était tout à fait naturelle. J’ai insisté sur le cadre judiciaire, je lui ai mis la pression pour voir Inaya, elle m’a répondu qu’il n’y avait pas de problème, que je la verrais […] J’ai le sentiment d’avoir été manipulée »

« Je ne suis pas une manipulatrice, je suis quelqu’un d’influençable. Monsieur Compiègne me demandait de ne rien dire : c’est pour ça que je l’ai fait, parce que j’ai peur de cet homme », répond illico Bushra Taher Saleh, l'accusée. Son interrogatoire sur les faits vient de commencer…