Morsure d'araignée-violon : « Il y a des araignées dangereuses mais aucune n'est mortelle »
INTERVIEW•Après qu'une araignée-violon a mordu un habitant de Seine-et-Marne, «20 Minutes» a interrogé une spécialiste du Muséum national d'histoire naturelle...Propos recueillis par Jane Hitchcock
Un retraité d’Amponville en Seine-et-Marne a fait « une bien mauvaise rencontre alors qu’il tondait la pelouse de son jardin le 28 mai dernier », a révélé Le Parisien. L’homme de 78 ans se serait fait piquer par une araignée-violon et la morsure a creusé un trou dans la cheville, profond jusqu’à l’os. Pour en savoir plus, 20 Minutes s’est entretenu avec Christine Rollard, aranéologue, Maître de conférences du Muséum national d’histoire naturelle et coordinatrice de La Fonction venimeuse, un guide tout juste publié aux éditions Lavoisier.
Êtes-vous étonnée de la présence, en région parisienne, d’araignées-violons, vivant habituellement dans le sud de la France ?
J’ai déjà eu à déterminer un cas à Paris il y a quelques années. Elle se trouvait dans une cave. Elle était arrivée là soit par les bagages, soit par le réchauffement… Les répartitions méditerranéennes se sont répandues, c’est un fait. Mais il faut que les cas soient avérés.
Comment peut-on reconnaître cette espèce ?
Il existe une centaine d’espèces dans le monde… Par rapport aux autres familles d’araignées, l’araignée-violon se distingue par la petite taille de son corps - de 5 mm à 1,5 cm -, son aspect terne - blanchâtre, beige à marron - et certaines d’entre elles, d’où leur nom, portent le dessin d’un violon sur le thorax. Elle vit la nuit et se cache le jour : parfois dans des vêtements, d’où sa réaction de défense, parfois, lorsqu’elle est manipulée. Ses crochets sont encore plus petits que son corps : physiquement, elle a des difficultés à mordre.
Faut-il adopter une attitude particulière face à une araignée-violon ?
Non : elle n’attaque pas l’homme. Il faut juste la laisser tranquille et faire attention en manipulant ses vêtements. L’araignée-violon peut provoquer des nécroses et brûlures, pouvant elles-mêmes s’infecter selon l’hypersensibilité de l’individu. Il existerait quelques cas de morsures avérés mais il faut les prouver scientifiquement. 99 % des cas de réactions sont dus aux puces, punaises, moustiques, frottements par la sueur ou encore à la fatigue… mais pas aux araignées. Parmi les 45.750 espèces dans le monde et les 1.700 présentes en France, il existe des araignées potentiellement dangereuses comme l’araignée-violon ou la veuve noire méditerranéenne mais aucune n’est mortelle. C’est dans les films, cela !