Et si l'Île-de-France redevenait une terre de vins?
VINS•Le Clos Montmatre, qui fête ses vendanges jusqu'à ce dimanche, est le plus connu. Mais la production viticole française se limite de moins en moins à lui...Fabrice Pouliquen
Incontestablement, le plus connu des vins francilien est le Clos Montmartre. Il suffira de se rendre, dimanche, au bal de la Fête des vendanges de Montmartre [Le programme complet ici], square Louise-Michel, pour s’en rendre compte. 53.000 personnes promettent déjà de s’y rendre sur la page créée spécialement pour l’événement sur Facebook.
Une dizaine de vignobles à Paris
Il faut dire que des vignes dans cet endroit atypique, cela étonne. Et puis, c’est une histoire qui dure : le Clos Montmartre fête cette année ses 82e vendanges. « Il a été le premier à communiquer autour de lui au moment la production viticole en Île-de-France devenait de plus en plus modeste », complète Patrice Bersac, président des Vignerons franciliens réunis (VFR). Mais s’il a beaucoup progressé en qualité ces dernières années, ce n’est pas le meilleur qu’on puisse trouver dans la région. »
Car, oui, le Clos Montmartre a des concurrents et nul besoin de franchir le périphérique pour les dénicher. Il y aurait une dizaine de vignobles à Paris. La ville en entretien cinq dont celui du Clos de Montmartre, qui fait dans le rosé depuis deux automnes. « Sinon, dans le parc Georges-Brassens (15e), on produit du vin rouge, dans le parc de Belleville (20e) et au jardin Chaufournier (19e), on fait du rosé, et dans le parc de Bercy, enfin, on est plus vin blanc », liste Sylviane Leplâtre, l’œnologue de la ville de Paris. Tous des vignobles engagés dans une démarche bio.
Le vin de Suresnes, le seul commercialisé
Il s’agit à chaque fois toutes petites productions. Moins de 2.000 bouteilles pour le Clos Montmartre, « tandis qu’on ne dépasse pas les 120 litres à Bercy », décrit Daniel Cassan, chef de l’atelier de jardinage du Jardin de Bercy. Pour des volumes plus conséquents, direction le Mont-Valerien, à Suresnes, de l’autre côté du périphérique. C’est sur l’une de ses buttes que niche le plus grand vignoble d’Île-de-France, le clos-du-Pas Saint-Maurice. « C’est aussi le seul aujourd’hui à commercialiser sa production* », précise Patrice Bersac.
Des agriculteurs s’y mettent en Seine-et-Marne
Du moins pour l’instant. « En Seine-et-Marne, une quinzaine d’agriculteurs commencent actuellement à replanter de la vigne, poursuit Patrice Bersac. Les premières bouteilles sont attendues pour 2018 et devraient elles aussi pouvoir être commercialisées. » Une bonne nouvelle pour la production viticole francilienne en plein essor depuis quelques années. Des communes aussi s’y remettent lorsqu’elles ont des terres disponibles. « Comme Coignières dans les Yvelines », illustre Patrice Bersac.
Du coup, c’est la production viticole francilienne qui repart à la hausse. Nous sommes encore loin des 42.000 hectares de vignes cultivés au 18e siècle, faisant alors de l’Île-de-France la première région viticole de l’hexagone. « Nous approchons les 20 hectares cultivés aujourd’hui et entre 150 et 200 vins franciliens différents », indique Patrice Bersac. Du rouge, du blanc, quelques vins rosés et quelques vins vermeils. On trouve de tout et la production n’est pas dénudée d’intérêt. « Les vins franciliens ont deux caractéristiques, assure le président des Vignerons franciliens réunis. Ils ont une acidité plus marquée que les autres et ils sont aussi très fruités. »