Claude Bartolone dans le viseur de la justice ? La tête de liste PS aux régionales en Île-de-France est en tout cas au cœur d’une enquête judiciaire ouverte fin septembre par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) sur un possible emploi fictif au Conseil général de Seine-Saint-Denis lorsque Claude Bartolone en était le président entre 2008 et 2012.

C’est le journal Le Monde qui sort l’affaire ce mardi matin. Elle trouve son origine dans un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France sur la gestion du département de la Seine-Saint-Denis. Dans les conclusions, publiées en juillet, les magistrats s’étonnent du nombre pléthorique de collaborateurs affectés à la présidence sous le mandat de Claude Bartolone.

Le cas de « Monsieur S »

Ils abordent en particulier le cas de « Monsieur S », à savoir Didier Segal-Saurel. Cet élu de Pantin avait été embauché par Claude Bartolone lui-même en 2008 peu après lui avoir laissé sa place élective dans le canton de Pantin-Est, dont il était l’élu sortant. Claude Bartolone avait alors besoin d’être élu à l’assemblée départementale pour pouvoir en briguer la présidence, raconte Le Monde.

Didier Séga-Saurel sera alors salarié du cabinet de Claude Bartolone du 1er avril à décembre 2008 puis, jusqu’en 2012, il conseillera le président de Seine-Saint-Denis Avenir, organisme satellite du Conseil général. Puis à l’été 2012, une fois Claude Bartolone président de l’Assemblée nationale, Didier Séga-Saurel devient « chargé de projet » à la direction de la culture du département. Ce dernier contrat a pris fin cet été.

Censé publier « un ouvrage historique »

Mais les magistrats émettent des doutes sur le travail effectué en trois ans. Sa lettre de mission chargeait Didier Séga-Saurel de publier « un ouvrage historique » sur la Seine-Saint-Denis, rapporte Le Monde. Or, aucun ouvrage de cette nature n’a encore été publié ». Le rapport stipule aussi que « le recrutement de ce collaborateur a été effectué précipitamment au cours de l’été 2012, sans que les besoins du département soient explicites ». « Le niveau de diplôme de l’intéressé [le bac] ne correspondait pas à celui requis s’agissant d’un administrateur territorial. »

Le Monde a joint sur cette affaire Jean-Luc Porcedo, qui dirigeait le cabinet de Claude Bartolone au Conseil général. Il affirme que « parler d’emploi fictif est à la limite de la diffamation. M. Segal-Saurel a effectué un vrai travail ; il était d’ailleurs à son poste tous les jours. Il est par ailleurs totalement faux d’affirmer que cet élu avait laissé sa place éligible à M. Bartolone ».