EXPULSIONSCrise des migrants : Paris n’en a pas fini avec les campements improvisés

Crise des migrants : Paris n’en a pas fini avec les campements improvisés

EXPULSIONSAu lycée Jean-Quarré comme à la porte de Saint-Ouen, des centaines de réfugiés vivent  dans des conditions déplorables…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Il y a eu le boulevard de la Chapelle, la Halle Pajol, le Bois Dormoy et puis, jeudi dernier encore, le quai d’Austerlitz et le parvis de la mairie du 18e arrondissement… Depuis le 2 juin, les expulsions de campements improvisés de migrants se sont accumulées dans la capitale. Sans jamais toutefois résorber le problème : il y a toujours des tentes Quechua qui s’installent ici et là dans Paris.

« C’est mieux que la rue »

Après les deux évacuations de la semaine dernière, l’attention se porte sur le lycée Jean-Quarré, dans le 19e arrondissement. Le 31 juillet, ils étaient une centaine de migrants à sauter la barrière et à prendre possession du bâtiment de quatre étages, qui était inoccupé. « Au dernier décompte, il y a quelques jours, il y en avait plus de 500, de 14 nationalités différentes », expliquent Héloïse et Houssan, bénévoles du collectif de soutien aux migrants La Chapelle en lutte.

Ils s’entassent parfois jusqu’à une vingtaine par pièces et dorment sur des matelas posés à même le sol. « C’est aujourd’hui le point le plus critique », observe Mohamed Majidi, de France-Terre d’asile. Le 16 septembre, Libération décrivait le refuge comme régi par la loi du plus fort et miné par des problèmes d’hygiène, de violence, de pratiques mafieuses. Ce lundi, les conditions sanitaires étaient toujours déplorables. « Mais c’est mieux que la rue, estime Héloïse. Et puis, ce lycée est le dernier point de fixation ouvert aux migrants tout juste débarqués dans la capitale. Le seul où ils ont la garantie de trouver de l’aide. »

Porte de Saint-Ouen aussi, de plus en plus de tentes

Le seul ? Pas tout à fait. A la porte de Saint-Ouen aussi, les tentes s’accumulent, nichées entre deux voies de circulation très fréquentées. « Elles sont là depuis plusieurs mois, précise Olivier, du collectif des réfugiés syriens de la Porte de Saint-Ouen. Mais leur nombre a fortement augmenté ces derniers jours. »

Le campement est constitué exclusivement de Syriens. Beaucoup ont été logés par le passé dans un hôtel à proximité avant d’occuper des squares de Saint-Ouen et d’en être délogés. « Nous sommes une quarantaine de familles aujourd’hui, évalue Moustapha, 26 ans, venu de Homs. Soit entre 150 et 200 personnes. » Ce nombre évolue sans cesse. Selon Moustapha, la plupart ici chercherait à partir au plus vite vers la Belgique ou l’Allemagne et ne sont ainsi pas pris dans les centres d’hébergements. Mais sur place, on trouve aussi Yahya, 45 ans, ancien prothésiste dentaire qui dit avoir entamé des démarches de demande d’asile en France il y a dix mois. « Je suis fatigué des solutions d’hébergements d’urgence. C’est à chaque fois du précaire, nos situations n’avancent pas », raconte-t-il.

Une expulsion souhaitée à Jean-Quarré ?

Un témoignage qui rappelle ceux entendus dans les campements évacués depuis le début de l’été… L’histoire recommence à chaque fois. D’ailleurs, le campement de la porte de Saint-Ouen, où la police installait des barrières ce lundi pour sécuriser les lieux, n’est pas à l’abri d’une évacuation. Au lycée Jean-Quarré, celle-ci est même désirée. La mairie souhaite en faire un vrai centre d’hébergement d’urgence, ce qui nécessiterait de le fermer trois semaines le temps de travaux de mise aux normes. « Nous ne sommes pas contre, du moment que soit trouvé, en attendant, de vraies solutions d’hébergement aux 500 réfugiés qui occupent aujourd’hui les lieux », indique par le collectif de la Chapelle en Lutte.