Paris: Une nouvelle bibliothèque victime de vols en série
INCIVILITE•Le personnel de la bibliothèque Chaptal (9e arrondissement) a ressorti les affichettes appelant ses abonnés à plus de civisme après une série de vols de cd et de DVD…Fabrice Pouliquen
«Vol de DVD, le retour ». Il ne s’agit pas du prochain film d’horreur à sortir dans les salles obscures mais du énième coup de gueule des bibliothécaires parisiens, lassés de retrouver des boitiers vides dans leurs rayons. Le phénomène dure depuis au moins deux ans, évalue Bertrand Piéri, de la CGT Cuture à la ville de Paris. La première fois qu’on en avait beaucoup parlé, c’était à la bibliothèque Robert-Sabatier à Clignancourt. »
Après Françoise-Sagan, la bibliothèque Chaptal
Depuis, ce sont une dizaine de bibliothèques sur la soixantaine que compte la capitale qui ont été victimes de ces vols récurrents. Leur point commun ? « Toutes proposent en prêt des films ou des CD musicaux », précise Bertrand Piéri. Le phénomène est lancinant et pousse régulièrement les bibliothécaires à sortir les affichettes appelant les Parisiens au civisme.
Comme à la bibliothèque Chaptal, dans le 9e arrondissement, ces derniers jours. «Des vols de DVD ont été constatés depuis quelques semaines (…) comme cela avait été le cas il y a quelques années », écrivent les employés sur des affichettes qui accueillent les visiteurs à l’entrée. Avant l’été, c’était la médiathèque Françoise-Sagan, dans le 10e arrondissement, qui faisait les frais de ces vols en série, un mois à peine après son ouverture.
La technologie RFID mis en cause
Tout autant que le manque de civisme des voleurs, la CGT culture déplore l’inefficacité du système de sécurité instauré par la mairie de Paris dans les bibliothèques. « Il est basé sur des puces RFID collées aux CD et censées sonner lorsqu’elles passent les portiques de sécurités, précise Bertrand Piéri. La ville de Paris en est très fière, mais les voleurs contournent ces protections facilement. »
Les bibliothécaires prônent du coup un retour aux anciennes techniques : le prêt indirect. « Il ne repose sur rien de technologique, mais il n’en est pas moins efficace, estime Bertrand Piéri. Il suffit de mettre en rayon uniquement des boitiers vides et obliger les abonnés à aller chercher le CD désiré auprès du bibliothécaire. »
« Le budget de la ville ne permet pas plus de personnel »
Une solution qu’écarte pour la mairie de Paris. « Le prêt indirect a deux limites, estime un collaborateur de Bruno Julliard, premier adjoint d’Anne Hidalgo en charge de la culture. Elle nécessite d’avoir plus d’espaces de stockage, mais aussi d’avoir plus de personnel, ce que ne peut se permettre aujourd’hui Paris et son budget limité. »
La mairie envisage en revanche une meilleure surveillance de ces rayons DVD et CD. « En les plaçant par exemple à proximité des bureaux des bibliothécaires ou en dégageant tous les recoins où les voleurs se sentirait plus à l’aise pour commettre leurs méfaits », poursuit-on au cabinet de Bruno Julliard.
Sans minimiser le phénomène, la mairie de Paris estime toutefois qu’il n’y a pas une explosion des vols dans les bibliothèques parisiennes. «Entre 250 et 350 documents volés chaque année, précise le collaborateur de Bruno Julliard. Le fonds de DVD des bibliothèques municipales de Paris s'élève à 190.000 documents.»
Un coût de 10.000 euros pour la ville
A la CGT culture, on souligne toutefois que ces actes de malveillance coûtent cher aux bibliothèques. « Nous achetons les DVD et CD à des prix bien plus chers que sur le marché en raison du droit des prêts», souligne Bertrand Piéri. Il faut compter 33 euros pour un DVD, précise-t-on ainsi au cabinet de Bruno Julliard qui estime le coût de ces vols pour la ville à environ 10.000 euros chaque année.