CONSOMMATIONParis: Comment certaines pharmacies sont devenues des attractions pour touristes asiatiques

Paris: Comment certaines pharmacies sont devenues des attractions pour touristes asiatiques

CONSOMMATIONSelon la responsable d’une officine basée près des grands magasins (9e), les Chinois et les Sud-Coréens représentent 40% de sa clientèle et la moitié de son chiffre d’affaires…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Dentifrice, stick à lèvres et cosmétique. Dans une pharmacie du 9ème arrondissement, tout y passe ce jeudi après-midi. Une conseillère présente un produit debout sur un tabouret, tandis qu’une nuée de bras s’élève pour attraper des crèmes solaires. En quelques minutes, la circulation dans les allées de l’officine est compliquée. Et chaque jour, le bal est similaire et calibré.

Tourisme : Comment la France s’adapte à ses visiteurs chinois

Avant ou après un passage dans les grands magasins des Galeries Lafayette et du Printemps, des centaines de touristes asiatiques - principalement des Sud-Coréens et des Chinois - font escale dans des pharmacies du quartier. Aux caisses, la file d’attente s’allonge vite. Mais qu’importe. « C’est pratique pour eux. Ce n’est pas cher, c’est à côté des magasins et les employés parlent leur langue », commente une cliente, précisant que cette pharmacie est « bondée à toute heure ».

40 % de la clientèle et la moitié du chiffre d’affaires

S’ils achètent des compléments alimentaires et du lait pour enfants, ils raffolent aussi des marques Nuxe, Caudalie ou Bioderma avec des prix pouvant aller jusqu’à -20 %, -30 % qu’ailleurs. Et surtout « 50 % moins cher que chez eux », affirme à 20 Minutes une responsable d’officine. Alors, les produits tombent dans les paniers à toute vitesse. Selon Le Monde, une Coréenne utilise en moyenne huit cosmétiques différents par jour, quand une Française se contente de trois. Ces pharmacies l’ont bien compris et chouchoutent cette clientèle.

Le lait en poudre est-il en train de devenir le nouvel or blanc ?

« J’ai repris cette affaire en 2009. Quelques mois plus tard, l’espace parapharmacie des Galeries Lafayette fermait. J’ai alors immédiatement embauché une conseillère qui parlait Chinois et ça a fait effet boule de neige », explique la responsable. Puis, en 2012, elle a recruté une conseillère coréenne. « Elle a contacté des tour operator coréens pour leur dire que nous étions sur un parcours touristique », ajoute-t-elle. Aujourd’hui, les Coréens et les Chinois représentent, pour elle, 40 % de sa clientèle et la moitié de son chiffre d’affaires. « Nos prix sont moins chers car nous achetons en grande quantité », précise la responsable. A quelques rues, dans une autre pharmacie, la même danse s’opère.

« On essaye aussi de stabiliser notre clientèle française »

Une équipe de pharmaciennes traduisent, conseillent, accompagnent. Un écriteau de la Corée du Sud est même placardé sur la devanture. Il y a autant de monde que chez sa voisine mais ici, il existe deux types de file d’attente. Une caisse spéciale pour la clientèle asiatique ? « Pas vraiment », note un salarié. « Les caisses du fond sont réservées aux gens munis d’ordonnance, les autres pour les produits de beauté et la parapharmacie », détaille-t-il du bout des lèvres.

« J’essaye aussi de stabiliser ma clientèle française qui peut-être effrayé par l’effet groupe de cette clientèle en faisant des aménagements d’espace », assure la responsable de l’autre officine. Mais la Corée reste très importante. « La France est la première destination européenne pour les Coréens. Attirés par les marques, la culture et l’art de vivre, ils recherchent une expérience touristique basée sur les visites et le shopping […] et ont un haut pouvoir d’achat », rappelle de son côté Atout France, l’agence de développement touristique de la France.