URBANISMEFutur palais de justice de Paris: «Que vont devenir les 50.000 m2 vides sur l’Ile de la Cité?»

Futur palais de justice de Paris: «Que vont devenir les 50.000 m2 vides sur l’Ile de la Cité?»

URBANISMELa première pierre du futur palais de justice de Paris dans le quartier des Batignolles (17e arrondissement) est posée ce mercredi…
Romain Lescurieux

Romain Lescurieux

Une première pierre pour l’un des plus gros chantiers de la capitale. Ce mercredi, la ministre de la Justice Christiane Taubira et la maire de Paris Anne Hidalgo, en présence notamment de l’architecte Renzo Piano, du constructeur Bouygues et de sa filiale Arelia, inaugurent le début des travaux de gros œuvre du futur palais de justice de Paris, au cœur du quartier des Batignolles, dans le 17e arrondissement.

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«50.000 mètres carrés vont être vides»

Avec une livraison fixée au 30 juin 2017, le nouveau TGI et ses services - pôle financier, pôle de la nationalité, locaux des scellés ainsi que les tribunaux d'instance - trôneront au centre d'une «cité judiciaire», qui comprendra également les locaux de la police judiciaire et une maison de l'ordre des avocats. Les cours d'appel et de cassation resteront toutefois dans l'ancien palais et «devraient peut-être récupérer quelques mètres carrés», ironise Me Cyril Bourayne, président de l’association «La Justice dans la cité», composée essentiellement d’avocats qui s’étaient opposés à ce projet futuriste, dont le chantier, entamé à l'été 2013, avait repris fin mars après huit mois d'interruption due à un autre contentieux.

«Cette construction est juste une brique architecturale de plus pour le Grand Paris, mais elle n’est pas destinée à une Justice du XXIe siècle», estime-t-il. «Et surtout hors de prix alors que le besoin n’était pas criant», ajoute de son côté l’association SOS Paris, qui s’est également opposée au projet. Selon une source proche du dossier, interrogé par l’AFP, le coût total de l'opération pour l'État devrait atteindre 2,4 milliards d'euros. Le coût brut de la construction du bâtiment est estimé à 700 millions d'euros, auquel il faut ajouter pour Bouygues celui de la maintenance qui, selon un spécialiste, pourrait atteindre un montant équivalent. «On aurait pu rénover le palais de justice actuel. Ça aurait été plus rapide et cela aurait coûté moins cher», déplore Me Cyril Bourayne. «Et que vont devenir les 50.000 m2 vides sur l’Ile de la Cité ?», surenchérit-il.

«Des travaux de réaménagement vont être réalisés»

Des services de la justice? Des logements? De son côté, SOS Paris ne serait pas étonné d’y voir se créer un hôtel, affirme l’un de ses membres. «Si l’Etat le sait, il ne veut sûrement pas en parler», avance, lui, Me Cyril Bourayne. Contacté par 20 Minutes, le Ministère de la justice a précisé que «les espaces libérés sur l’île de la Cité sont à l’étude pour reloger en un lieu unique Cour d’Appel et Cour de cassation. Après le départ du TGI aux Batignolles, des travaux de réaménagement vont être réalisés. L’agence publique pour l'immobilier de la justice (APIJ) a été missionnée en avril 2015 pour engager les scénarios de réhabilitation et réoccupation».

Quant au Syndicat de la Magistrature, il imagine davantage ce schéma de chaises musicales. «Cela va être transformé en locaux pour la justice. Tous les services n’iront pas aux Batignolles car on nous a déjà dit que c’était trop petit. Donc certains vont sûrement être rapatriés sur l’Ile de la Cité. Même si nous ne savons pas encore lesquels», affirme Françoise Martres, présidente du syndicat. Ce qui impliquera alors après les Batignolles, un deuxième chantier au cœur de Paris.

Ce bâtiment sera composé de quatre ensembles de verre superposés de 120.000 m2. Culminant à 160 mètres, il sera le plus haut de la capitale après la tour Montparnasse (210 m), note l’AFP. L'accueil du public se fera par un parvis de 6.000 m2 donnant accès au socle du bâtiment qui abritera notamment 90 salles d'audience. Les volumes supérieurs accueilleront les services du parquet, de l'instruction et de la présidence. Quelque 8 à 9.000 personnes devraient fréquenter chaque jour le bâtiment, dont 2.000 travaillant sur place.