ANTISEMITISMEAntisémitisme: Il marche dix heures avec une kippa dans Paris

Antisémitisme: Il marche dix heures avec une kippa dans Paris

ANTISEMITISMECrachats, regards haineux et insultes… Le journaliste Zvika Klein s’est filmé durant dix heures dans différents quartiers de la capitale, coiffé d’une kippa. Il dit ne pas avoir toujours été très bien accueilli…
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Sofie Peeters, étudiante belge en cinéma, s’était filmée en caméra cachée dans les rues de Bruxelles pour dénoncer les remarques à caractère sexuel qu’elle récoltait sans cesse sur son chemin. Un mois après les attentats des 7,8 et 9 janvier à Paris, Zvika Klein, journaliste israélien pour le site NRG, a repris l’idée pour tenter de voir ce qui se passe quand un juif se promène avec une kippa à Paris.

Zvika Klein est en poste à Jérusalem et ne connaît pas très bien Paris. «Mais je couvre l'actualité de la communauté juive dans le monde entier, particulièrement en Europe, et j'étais déjà en France lors de la tuerie de Toulouse en mars 2012, explique à 20 Minutes Zvika Klein. Plusieurs personnes de la communauté juive en France m'avaient fait part alors des attaques antisémites dont ils étaient l'objet dans la rue et j'en avais moi-même fait le constat. Après les derniers attentats, je voulais tenter cette expérience...»

Alors avec la complicité d’un cameraman marchant devant lui avec une go-pro, mais aussi avec un agent de sécurité, Zvika Klein s’est filmé pendant dix heures marchant dans les rues de Paris vêtu d’une tsitsit et coiffé d’une kippa les 3 et 4 février derniers. Dix heures sans prononcer la moindre parole.

«Les regards haineux, les phrases lancées, les attitudes me font sentir très mal»

L'expérience a donné quelques sueurs froides à Zvika Klein. Il évoque Barbès et le département de Seine-Saint-Denis comme le théâtre de ses principaux coups de chaud. «Dans les zones touristiques, l’ambiance est relativement calme, mais plus nous nous éloignons et plus les regards haineux, les phrases lancées, les attitudes me font sentir très mal, pas tranquille», raconte Zvika Klein.



«Eh toi, avec ta kippa! Qu’est-ce que tu fous là?»

Zvika Klein a compilé ces moments désagréables dans une vidéo d'une minute et trente-six secondes sur YouTube. Les lieux traversés ne sont pas clairement identifiés et certains propos tenus à son encontre ne sont pas toujours audibles. Mais Zvika Klein se fait interpeller à de nombreuses reprises. «Juif», lui dit-on clairement dans la vidéo. Zvika Klein rapporte aussi d'autres propos. Du type «ce mec est venu se faire bai…er, se faire enc…ler», « Vive la Palestine!» «Eh toi avec ta kippa! Qu’est-ce que tu fous là?»

Le journaliste dit aussi avoir essuyé des crachats. «Dans une banlieue, on me demande carrément ce que je fais là», explique encore Zvika Klein dans son papier sur NRG.

Pour le journaliste israélien, le bilan de cette expérience est sans appel: «Je sais que le gouvernement fait de son mieux pour protéger la communauté juive, mais Paris est une ville de moins en moins sûre pour les Juifs. Je ne pense pas que des no-go-zones existent. En revanche, oui, les no-jews-zones sont malheureusement bien réelles.»

Une affirmation, confirmée ou pas, qui ne manquera pas de faire réagir à l'heure où Benyamin Netanyahou a invité les juifs de France à émigrer en Israël.