Attaque à «Charlie Hebdo»: L’unité nationale à l’épreuve de la marche républicaine
MANIFESTATION•Le défilé prévu dimanche, point d'orgue de l'unité nationale défendue depuis mercredi par l'Elysée, se heurte à quelques difficultés...M.G. avec AFP
Pas facile de rester unis. Si le rassemblement prévu ce dimanche allait de soi mercredi, jour de l’attaque à Charlie Hebdo, il ne semble pas si facile à mettre en place. Alors que le président de la République François Hollande continuait encore, ce vendredi, de consulter les responsables politiques, 20 Minutes pointe les questions toujours en suspens autour de ce rassemblement.
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Quel sera le circuit de la manifestation?
Débord prévu samedi, puis reporté à dimanche afin de permettre la plus grande participation possible, et d'offrir à la police un délai un peu plus long pour se préparer, le rassemblement aura donc lieu ce dimanche à 15h, place de la République. Si le parcours n’était pas encore arrêté dans ses moindres détails ce vendredi, il doit néanmoins cheminer vers la place de la Nation, en passant probablement par le boulevard Voltaire - un symbole puisqu'il croise le boulevard Richard-Lenoir, à proximité des locaux de Charlie Hebdo (11e).
François Hollande sera-t-il dans le cortège?
Sa participation serait envisagée mais «pas décidée». Dans une telle manifestation, «il y a beaucoup de prudence à avoir pour la présence d'un président de la République», fait valoir l'entourage du chef de l'Etat. Un proche conseiller du Président a souligné qu'en tout état de cause sa participation ne devrait «surtout pas être annoncée à l'avance», rappelant le précédent de l'ancien président François Mitterrand qui, en 1990, s'était joint «par surprise», à la grande manifestation organisée à Paris après la profanation d'un cimetière juif à Carpentras. La prudence aujourd'hui est d'autant plus de mise que «le contexte n'est pas le même», fait-il également valoir alors que le niveau alerte attentat a été décrété.
Qui en tête du cortège?
Des rescapés de Charlie Hebdo? Des représentants religieux, d'associations, de syndicats ou de partis politiques? Cette délicate question n'est pas tranchée. Outre les chefs de partis, dont vraisemblablement Nicolas Sarkozy, devraient également se trouver dans le cortège Alain Juppé et François Fillon (UMP) et, côté PS, on cite également Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault. Côté syndicats, défileront également Jean-Claude Mailly (FO) et Laurent Berger (CFDT) et on attend également la CFTC, la CFE-CGC, Unsa, FSU. Plusieurs organisations antiracistes (LDH, Licra, Mrap, SOS Racisme) seront aussi présentes et les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM), ainsi que l'UOIF, ont également appelé «les citoyens de confession musulmane à rejoindre massivement la manifestation».
Le Front national sera-t-il présent?
Sa présidente, Marine Le Pen, estime ne pas avoir été invitée. Jeudi, l'ensemble des partis (PS, PCF, EELV, PG, PRC, PRG, MoDem, UDI, UMP) réunis à l'Assemblée nationale ont en effet indiqué que cette marche républicaine et silencieuse aura lieu à l'appel de partis uniquement «républicains». Si Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan participera aussi au rassemblement, François Lamy, organisateur pour le PS de cette manifestation, a rappelé jeudi qu'«il n'y a pas de place» pour le Front national à la «marche républicaine». De quoi déclencher la polémique. Marine Le Pen, qui dénonce en effet son «exclusion», a d'ailleurs été reçue à l’Elysée ce vendredi matin. À l’issue de l’entretien, elle a estimé ne pas avoir obtenu satisfaction de François Hollande sur la «marche républicaine», jugeant qu'il n'avait pas acté une «levée claire de l'interdiction» faite selon elle au FN d'y participer. Elle a toutefois indiqué à la presse que François Hollande lui avait dit que sa «sécurité serait assurée» si elle se rendait à la manifestation et elle l'en a «remercié». Peu après cette rencontre, le président de la République a de son côté indiqué que tous les «citoyens peuvent venir aux manifestations», ce sont eux «qui décident».