INSOLITEParis: Nord-Coréens, Iraniens et Cubains privés de nuit aux Galeries Lafayette

Paris: Nord-Coréens, Iraniens et Cubains privés de nuit aux Galeries Lafayette

INSOLITESix lauréats venus des quatre coins du monde vont passer la nuit de ce mardi dans le magasin du boulevard Haussmann (9e). Mais le concours, organisé en partenariat avec Airbnb, n'était pas tout à fait ouvert à tous...
Fabrice Pouliquen

Fabrice Pouliquen

Pour beaucoup, Stéphanie, Ksenia, Nieves, Kareen, Irène et Romain sont de sacrés veinards. Ces six accros du shopping ont remporté le jeu-concours «Une nuit aux Galeries Lafayette» organisé par Airbnb, la plateforme communautaire de réservation de logements de particuliers, et Les Galeries Lafayette à l'occasion du lancement des soldes.

Ce mardi soir, ils se verront confier symboliquement les clés du mythique magasin du boulevard Haussmann. Au programme? Un dîner et une nuit sous la coupole des Galeries Lafayette, une session de repérage avec un «personal shopper», une carte cadeau de 200 euros et la possibilité de passer en caisse mercredi matin avant la cohue du premier jour des soldes.

Un concours pas tout à fait international

C’est une «night at» du nom de l’opération que mène depuis quelque temps l’entreprise américaine Airbnb à travers le monde. «Nous avons déjà organisé une nuit dans un magasin Ikéa australien, dans un avion KLM au Pays-Bas ou au château de Chenonceau (Indre-et-Loire) cet automne», rappelle Nicolas Ferrari, directeur d’Airbnb France.Ces jeux-concours sont internationaux. Parmi les six lauréats pour une nuit aux Galeries Lafayette, figurent ainsi une Russe, une Américaine et une Espagnole.»

En revanche, les ressortissants de trois pays n’avaient pas droit de participer. Sur le site Internet d’Airbnb, le règlement est clair sur ce point: «Le concours n’est pas ouvert aux résidents des pays suivants: Corée du Nord, Cuba et Iran. Autrement dit, vous n’avez pas le droit de participer si vous résidez dans un de ces pays.»

Le point du règlement du jeu Airbnb qui évoque l'impossibilité pour les ressortissants de Corée du Nord, de Cuba et d'Iran de participer. - Capture d'écran / Airbnb

Rien d'illégal...

Il n'y a rien d'illégal à cela. «Il est tout à fait possible de restreindre la participation à un concours, explique à 20 Minutes Philippe Bourjac, secrétaire adjoint de la Chambre des huissiers de justice de Paris. Une entreprise peut par exemple organiser un jeu en interne ouvert à ces seuls salariés.»

Mais pourquoi cibler ces trois pays? A cette question, Philippe Bourjac comme Béatrice Duquerroy, responsables communication de la Chambre des huissiers de Paris, n'ont pas la réponse. A leur connaissance, «c’est la première fois qu’un concours cible précisément ces trois pays dans un règlement», confient-ils à 20 Minutes.

Entre la Corée du Nord, Cuba et l’Iran, il y a toutefois un point commun: ces trois pays sont sous embargo américain (les relations s'améliorent toutefois depuis peu entre Cuba et les Etats-Unis). Ce sont ces sanctions financières qui empêcheraient Airbnb d’inclure leurs ressortissants dans leur jeu. «Ce n’est pas de notre volonté», affirme Nicolas Ferrari. «Les entreprises américaines ou dont la maison-mère est américaine sont obligées de respecter ces sanctions économiques, même dans les règlements de leur jeu-concours, ajoute Sarah Roy, responsable communication d’Airbnb France. Nos juristes sont habitués à respecter ce point.»

... Mais de quoi vexer l'Iran, la Corée du Nord et Cuba

Pourtant, le règlement du concours pour une nuit au château de Chenonceau, lui, n’excluait en aucune façon les Cubains, Nord-Coréens et autres Iraniens. «Le mieux est de s’adresser directement à l’huissier qui a validé le règlement », conseillent Béatrice Duquerroy et Philippe Bourjac, quand on les interroge sur ce point.

Le souci, c'est qu'il n’y en a pas. «Dans la mesure où il ne s'agit pas d'une loterie promotionnelle au sens des dispositions du code de la consommation, mais d'un concours sans tirage au sort et sans intervention du hasard, il n'est pas obligatoire d'enregistrer le règlement auprès d'un huissier», précise Sarah Roy.

Si l'ambassade de Cuba n'a pas répondu à nos sollicitations, celle d'Iran a indiqué à 20 Minutes qu'elle allait étudier la question.