Ile-de-France: Des outils numériques pour aider les jeunes victimes de violences
SOCIAL•Jeunes Violences Ecoute a multiplié les outils numériques plus adaptés aux habitudes des jeunes pour mieux se faire connaître…Oihana Gabriel
«Ce n’est pas un centre de psychothérapie au téléphone!» prévient Mirentxu Bacquerie, directrice de Jeunes Violences Ecoute. Dans le 11e arrondissement, impasse du Bon Secours ( !), une vingtaine d’écoutants, casque ou téléphone accroché aux oreilles se relaient de 10h à 22h pour recueillir les confidences et aider les jeunes victimes de violences en Ile-de-France. Lancé en 2000, cette plate forme gratuite et anonyme (08 08 80 77 00) sert de porte d’entrée pour les jeunes victimes de harcèlement, de viol, de violence intrafamiliale…
Mais les membres de Jeunes Violences Ecoute, service financé par la région Ile-de-France, se sont rendus compte que petit à petit les adultes, parents comme professionnels, devenaient leurs interlocuteurs premiers. En effet, environ deux tiers des appelants étaient des adultes en 2013. «Avec la rénovation du site et le lancement de l’application pour smartphone, on espère que les jeunes reviendront en masse sur ce dispositif qui leur ait destiné. Et inverser cette proportion», souligne Mirentxu Bacquerie. Et depuis le 15 octobre, lancement d’un nouveau site internet plus lisible, le nombre de sollicitations de jeunes en détresse a augmenté.
Des outils complémentaires
Autre outil prisé : une boîte à questions, créé il y a un an. «Cela se rapproche d’un chat, il arrive que l’on communique avec la personne quatre fois dans la journée», atteste Damé, un juriste de Jeunes Violences Ecoute. Mais les psychologues et juristes qui écoutent et orientent les jeunes ont jusqu’à 48 heures pour répondre aux questions. Ce mercredi matin, Damé a reçu sur cette boîte à questions un appel à l’aide d’une jeune fille victime d’attouchements sexuels par son beau-père alors que sa mère ne la croit pas.
«Sur le forum, les personnes cherchent le soutien des pairs et nous intervenons uniquement pour rectifier une information ou quand un message est trop préoccupant, explique Damé. Mais avec la boîte à questions nous avons une relation directe, anonyme et souvent ils finissent par nous appeler, reprend Damé. Tous ces dispositifs, téléphone, forum, boîte à questions sont complémentaires. Pour certains, écrire sur une situation dramatique est plus simple.» Quelle que soit la porte d’entrée pour ces témoignages, ils touchent prioritairement aux violences intrafamiliales et scolaires.
Passer le relais à une infrastructure adéquate
Et pour Damé ce service est d’autant plus important que les jeunes ne méfient de plus en plus des institutions. «Souvent, ils pensent que se révéler ne sert à rien. Que s’ils se confient à un enseignant qui n’agit pas, ils risquent d’être traités de lâches ou de balances. D’autre part, on a constaté que les harcèlement s’est déplacé hors des murs de l’école, souligne Damé. Dans les établissements, les victimes sont souvent taquinées mais la violence physique se déroule à la sortie, dans les transports, sur le chemin de l’école.»
«Ici, nous leur offrons une possibilité par la voix ou par internet de déposer une parole qui est la leur et sans être jugé», insiste Mirentxu Bacquerie. «On est là pour les écouter, puis pour les aider à trouver la force d’agir, soit en s’adressant à un adulte de confiance, un proche ou une infirmière scolaire par exemple, soit en passant le relais à la structure adéquate et proche de chez eux», explique Laure, psychologue.