Les Parisiens invités à se transformer en marins d’eau douce
LOISIR•L’été s’étant décidé tardivement à arriver à Paris, c’est l’occasion idéale pour tester un nouveau service: des petits bateaux électriques à conduire sur le canal de l’Ourcq…Oihana Gabriel
«Marin d’eau douce» n’est plus seulement un des jurons préférés du capitaine Haddock. Mais une start-up parisienne à succès, qui offre la possibilité pour la première fois à tous les Parisiens de naviguer à bord d’un petit bateau électrique quelques heures sur le canal de l’Ourcq. Mardi, le ponton de l’entreprise à Stalingrad (19e) accueillera le maire, François Dagnaud (PS) pour l’inauguration officielle de la structure. Mais les 17 bateaux en polyester de l’entreprise ont tourné à plein régime depuis mai.
«Les clients reviennent.»
«Au début on n’avait pas d’électricité, pas d’autorisation pour que le public monte sur le ponton, raconte Olivier Doin, l’un des deux fondateurs. On est vraiment opérationnels depuis juillet.» Et depuis, nombreux sont les Parisiens à tester leur pied marin. Avec un mois de météo catastrophique, on devrait tirer la langue et on est au-delà de nos espérances. Ce qui nous a surpris, c’est que les clients reviennent.»
Après quatre mois, quelques pannes mais aucun accident au compteur, 33.000 Franciliens ont déjà testé la navigation entre le bassin de la Villette et Sevran (Seine-Saint-Denis). Des familles venues avec un goûter, aux trentenaires adeptes de nouveauté pour l’apéro, en passant par les entreprises, qui organisent une chasse au trésor sur l’eau pour leurs équipes, le public s’avère hétérogène mais surtout Franciliens. «Mais on va essayer d’attirer aussi la clientèle touristique», confie Olivier.
Des améliorations pour la prochaine saison
A l’origine, deux amis d’enfance, aujourd’hui trentenaires, passionnés l’un par la voile, l’autre par le canoë. «On s’est rendu compte qu’à Paris rien n’était fait pour profiter de notre fleuve. Les bateaux-mouches, on l’a fait une fois… avec notre correspondant anglais.» Alors en 2012, Olivier et Nicolas proposent un projet à la Mairie de Paris, inspiré par des petits bateaux électriques à conduire sans permis à Nantes.
Pour le moment, moules à gaufre, ornithorynque, macaque et les autres bateaux aux noms cocasses (toujours ce Haddock), navigueront jusqu’à la fin novembre. A voir si le business marche aussi bien l’hiver. Et les deux associés ont déjà dans les cartons l’envie de perfectionner le système de réservation, d’agrandir la flotte et d’équiper les bateaux de tablettes pour proposer un peu d’interactivité aux marins inexpérimentés.
Autre combat: la propreté. «Les sacs-poubelle dans les hélices, c’est fatal», reconnaît Olivier. En effet, l’eau du canal donne peu envie de plonger. Et l’été prochain, il espère que les clients pourront amarrer sur des zones dans le parc de la Villette et du parc Bergère pour pique niquer.
Pas de frein
Une fois monté sur «hurluberlu», Olivier ou Nicolas passe en revue les conseils et mode d’emploi. «C’est comme dans une voiture, on double par la gauche. Par contre, il n’y a pas de frein, donc la règle de base, c’est d’anticiper.» Une fois dépassé le dernier pont levant de Paris, on traverse le parc de la Villette et les grands moulins de Pantin, à 6 km/h.
Une agréable balade
«La balade était agréable et insolite, assure Valérie, une Parisienne revenue de deux heures de balade. Mais j’aurais aimé aller plus vite.» «En même temps, on n’a pas de permis», rétorque sa fille Chloé. Si les amoureux de vitesse risquent en effet d’être déçus, les Parisiens en recherche de promenade au calme et de visite originale ont intérêt à réserver une semaine à l’avance sur le site.