URBANISMEParis: Sur les rails de la petite ceinture réaménagée

Paris: Sur les rails de la petite ceinture réaménagée

URBANISMEVisite commentée de cette nouvelle promenade verte dans le 15e arrondissement, ouverte au public depuis un an…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Un terrain de jeu pour les lézards, crapauds, hérissons et autres coccinelles. Mais aussi pour les Parisiens. La capitale s’est dotée depuis septembre dernier d’un nouvel espace vert pas encore pris d’assaut. Après un an et demi de travaux, une promenade d’1,3 km sur la petite ceinture, ancienne voie ferrée, offre une bulle de campagne aux urbains.

Entre la place Balard et la rue Olivier-de-Serres, un chemin étroit et vert de 3,5 hectares permet aux badauds d’admirer les fleurs et de déambuler loin du bruit de la ville. Sorte de «high line» (promenade surplombant New-York), mais avec une végétation plus naturelle.

Une ballade aux diverses ambiances

La ballade est accessible également aux personnes en fauteuil roulant grâce à trois ascenseurs qui leur permettent d’atteindre les rails. Car une partie de la voie se situe à 7m du sol. Tandis que la promenade se termine bien en dessous de la rue Olivier-de-Serres.

«Mais c’est l’espace urbain qui oscille et non la voie, car Paris est faite de vallées et de plateaux!», spécifie Claude Frison, responsable de la division patrimoine naturel, qui joue les guides ce jeudi après-midi. Des niveaux variés qui font varier l’ambiance: on prend de la hauteur, on longe ensuite de grands immeubles ou on coupe avec la ville dans le dernier tronçon enclavé.

Des rails et des tags

Cette ancienne voie de chemin de fer, qui fait le tour de Paris, a gardé son identité. Fabienne Gasecki, en charge des aménagements des nouveaux espaces verts à la Mairie de Paris précise: «On a souhaité s’inspirer du passé ferroviaire en sauvegardant quelques pièces de mobilier: un butoir (qui servait à arrêter les trains), la signalétique qui rappelle celle des gares, le ballast… Et tout le long du parcours, les rails restent visibles. «RFF, qui est propriétaire de la petite ceinture, souhaite garder la possibilité de faire passer un train. Il y a deux voies sur la majorité du parcours, l’une restée intacte et celle de gauche recouverte d’un revêtement pour déambuler. Mais sur une partie avec une seule voie, la Mairie a posé un platelage qui s’enlève facilement.

Autre élément du décor: les graffs colorés. «Tous les tags ont été conservés, on a estimé qu’ils faisaient partie du patrimoine», reprend Fabienne Gasecki. «Il y en a même qui sont très récents, le travail continue», sourit Claude Frison.

Respecter la biodiversité

Malgré l’intrusion d’humains sur ce corridor biologique abandonné depuis des décennies, un important travail a été fait pour respecter faune et flore. En tout, 220 espèces végétales ont été comptabilisées. Et des animaux protégés comme le lézard des murailles, le hérisson ou le gobe-mouches, oiseau insectivore. Pour respecter la biodiversité, la promenade est fermée de nuit et l’aménagement a soigneusement évité arrosage et éclairage. «Les animaux diurnes peuvent ainsi se reposer et les nocturnes se balader à l’abri des prédateurs», souligne Claude Frison. Le site a été pensé de manière à relier le parc André Citroën et Georges Brassens.

Plusieurs paysages se succèdent: prairie, friche, viaduc, boisements, avec chacune des espèces végétales et animales détaillées sur des panneaux. «Nous avons lutté pour conserver certaines plantes pendant le chantier. Souvent on crée un jardin, mais il fallait prendre beaucoup de précautions pour préserver l’existant», explique Claire Frison. Qui mène des études pour observer sur le long terme les effets sur la biodiversité de cette petite ceinture.

Quels autres aménagements sur la petite ceinture?

Les noms des rues sont indiqués au sol pour les badauds se repèrent.

Selon la Mairie, cette petite ceinture réaménagée (un autre tronçon a également été ouvert au public dans le 16e entre le jardin Ranelagh et la Porte d’Auteuil) séduit. Pas étonnant dans une ville qui manque cruellement d’espaces verts. L’aménagement de la petite ceinture (32 km) doit s'étendre. C’est en tout cas dans les cartons d’Anne Hidalgo. « L’idée est de poursuivre, mais avec quelle ampleur?» confirme-t-on à la Mairie. Reste les questions du coût (les travaux ont coûté 7,2 millions, de la négociation avec RFF propriétaire et du calendrier. Le projet pour rendre accessible ce tronçon, ouvert il y a un an, est né en 1999.