L’avenue de Clichy étrenne la zone 30

L’avenue de Clichy étrenne la zone 30

URBANISME – Lundi matin, le maire de Paris est venu voir de plus près un tronçon de l’avenue de Clichy, jusqu’ici embouteillé et dangereux, redessiné…
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

«Il y avait des tranchées devant le magasin!», raille Cynthia, responsable d’un magasin de prêt à porter sur l’avenue de Clichy, qui relie 17e et 18e arrondissements de Paris. Pendant trois mois, habitants et commerçants de cette voie encombrée ont subi bruit et poussière des travaux. De l’histoire ancienne puisque depuis le 1er septembre, le tronçon entre La Fourche et la place de Clichy dévoile un nouveau visage, plus apaisé. Ce lundi matin, Bertrand Delanoë de Paris venait tâter les nouveaux passages piétons et autres places livraison. Cette visite de terrain est aussi l’occasion d’insister sur l’intérêt de limiter la vitesse à 30 km/h sur certaines zones de tension de la capitale. Car la portion reliant la Fourche à la place de Clichy est la première grande avenue à devenir une zone 30.

Et Blanche Rivière, chef de projet, d’indiquer le revêtement du sol, les passages piétons élargis, la voie de bus désormais ouverte aux vélos et protégée du flot de voitures par un séparateur, 33 places pour les deux-roues et 110 pour les vélos… Objectif triple: fluidifier le trafic, souvent bloqué par des camions de livraison en double-file, limiter le nombre d’accidents sur une voie, qui comptait neuf fois plus d’accidents en moyenne que dans le reste de la capitale, et réduire la pollution en limitant la vitesse et les bouchons.

«Il n’y a pas beaucoup de places de stationnement pour les riverains… », remarque le maire. Et l’architecte de souligner que cette avenue ne comptait aucune de place et que «les onze places livraison sont ouvertes aux habitants pendant la nuit, de 20h à 7h ou 8h, pour que les déchargements puissent se faire tôt dans la matinée.»

«Une amélioration pragmatique»

«J’ai souvent pris le bus ici, et il était régulièrement coincé dans les embouteillages, confie Bertrand Delanoë. C’est une amélioration ambitieuse et pragmatique, les différents usages paraissent plus harmonieux.»

Le maire teste ensuite le nouveau mobilier urbain. «Il faut que je me prépare pour mes vieux jours avec ma canne, que je trouve des endroits dans Paris ou m’asseoir…», ironise de maire. Qui se fait féliciter par un riverain, Jean-Lou, visiblement satisfait des travaux. «Ce serait bien de continuer jusqu’à la porte de Clichy parce que d’ici quatre ans, le tramway sera prolongé…» Un projet déjà à l’étude.

«Beaucoup de bazar et de dépenses»

Mais Yvonne, une habitante de l’avenue de Clichy, relativise la portée du réaménagement: «on a eu beaucoup de travaux pour peu de changement. Certes, les trottoirs sont élargis, mieux bétonnés et les aménagements pour les livreurs aideront la circulation, mais à mon avis, ils ont fait des frais pour pas grand chose…»

«Pour les automobilistes, c’était déjà dur, ça va l’être encore plus», renchérit Jacques, un habitant du 18e. «On peut encore moins se garer, mais c’était leur but », complète Cynthia, une commerçante de l’avenue. C’est beaucoup de bazar et de dépenses pour pas grand-chose. Pendant trois mois, les travaux ont gêné le commerce. Et ça ne roule pas mieux.» Et la limitation de vitesse dans un quartier que cette commerçante reconnaît comme dangereux? «Dans cette avenue souvent bouchée, on ne roulait pas à plus de 30 km/h la journée. Et la nuit, les automobilistes qui roulaient vite continueront… Avec les autres commerçants, quand on a découvert les plans, on blaguait: «on va avoir les Champs Elysées avenue de Clichy!»