Un homme dépassé par sa propre gentillesse ? C'est en tout cas la version qu'a développé lundi, à la barre, un pharmacien de La Colle-sur-Loup, chef présumé d'une vaste affaire d'escroquerie à la Sécurité sociale, jugée à Grasse cette semaine. « Je ne savais pas dire non, j'ai été pris dans un engrenage », a-t-il tenté de justifier devant le tribunal correctionnel. Il risque jusqu'à dix ans de prison. De 2009 à 2012, plus de 800 000 € ont été indument perçus au préjudice de six Caisses primaires d'assurance maladie et de mutuelles. Douze médecins, dont un de Villeuneuve-Loubet, principal mis en cause, font également partie des vingt-et-un prévenus.

Une liste de médicaments

Les généralistes prescrivaient des traitements particulièrement onéreux à des patients produisant des cartes Vitale usurpées. « Vous dites que vous n'avez rien mis en place mais c'est bien vous qui avez établi des listes de médicaments à faire prescrire », a rappelé le procureur au pharmacien. Selon ce dernier, c'est en voulant venir en aide à l'une de ses clientes que le système aurait été initié. Alors que le paiement de cette sexagénaire ne passait pas, il lui aurait lancé : « on va s'arranger ». Lui demandant d'établir, avec des médecins, des ordonnances de complaisance. Le système se serait étoffé avec le concours de plusieurs personnes, issues de la communauté des gens du voyage, pour rembourser ce qu'il leur permettait de « piller » dans sa boutique. « J'ai voulu dire oui à tout le monde », a-t-il soufflé. Le procès doit prendre fin vendredi.