Les bains-douches sont restés populaires
•Social Ouvert il y a 150 ans, l'établissement public nantais accueille une majorité de sans-abriFrédéric Brenon
La sonnette a retenti, la lumière rouge de la cabine s'est allumée. Les cheveux mouillés, frais peignés, Bernard attend de l'intérieur que la porte s'ouvre. Puis il dépose la serviette humide dans la corbeille, remercie discrètement, et s'extrait vers le froid de la rue, son quotidien. Une scène qu'il reproduit « au moins une fois par semaine ». Ouverts il y a 150 ans à l'intention des classes populaires, les Bains-douches du quai Baco à Nantes se sont modernisés mais n'ont pas varié de mission : rendre l'hygiène accessible au plus grand nombre.
« Ce type de lieu est essentiel »
L'établissement compte aujourd'hui onze cabines de douches et trois de bains. « On y vient pour se laver mais aussi pour se détendre. On accueille tout le monde chaleureusement, sans poser de questions », explique Sylvie Renou, responsable du lieu. Le ticket de douche coûte 1,45 €, celui de bain 2,45 €. Savon, shampoing, serviette, rasoir et brosse à dent sont fournis. « En fait, près de 40 % des usagers accèdent gratuitement avec des cartes délivrées par le CCAS ou des tickets offerts par des associations », précise Sylvie. La plupart sont sans domicile, souvent jeunes, plutôt solitaires. Les Roms, eux, « viennent en groupe, surtout le week-end ». Il y a aussi ces usagers de passage, « la personne âgée cherchant plus de confort, le couple qui fait des travaux de salle de bain, le cycliste qui souhaite se changer »...
«Ici, on tutoie pratiquement tout le monde, raconte Gilbert, qui travaille aux Bains depuis cinq ans. On discute, il y a des liens qui se créent. Certains habitués viennent juste pour se raser ou remplir d'eau leur thermos. Et puis il y a ceux qui ne viennent plus car ils s'en sont sorti. Ils passent parfois nous voir, ça fait chaud au cœur ». Helmut fréquente l'endroit depuis six ans : « L'eau est chaude, ça fait du bien. En hiver, les robinets des parcs sont fermés ou gelés ». « Ce type de lieu, il n'y en a pas dans toutes les villes, regrette Bernard. Il est pourtant essentiel. Dans la difficulté, certains perdent pied, se laissent aller. Mais être propre, c'est garder sa dignité. »