Pollution dans l’estuaire de la Loire: un «fléau quotidien» sous-estimé
ENVIRONNEMENT – 400 tonnes de fioul lourd se sont échappées d’un navire à quai...C. F. avec F. Brenon à Nantes
La préfecture de Loire-Atlantique vient d'annoncer une importante pollution au fioul observée actuellement dans l’estuaire de la Loire, entre Donges et Saint-Nazaire. Dimanche, en fin de journée, environ 400 tonnes de fioul lourd se sont échappées d’un navire à quai lors de son chargement à la raffinerie Total de Donges.
Quelques 300 tonnes ont été répandues sur les berges –des zones naturelles protégées pour la plupart- et environ 100 tonnes se sont déversées dans le fleuve. Jean-Louis Borloo, ministre de l'Environnement, sera à 15h30 au Port de Paimboeuf, pour évaluer lui-même les dégâts de la pollution sur l’estuaire de la Loire.
Empêcher l'accès au public
L’Etat mobilise les moyens pour organiser le ramassage du produit, indique la préfecture. Le site de transbordement a été ainsi confiné, tandis que les communes touchées ont reçu la consigne d’empêcher l’accès au public, le fuel répandu étant toxique.
Ce n'est pas la première fois qu'un tel incident se produit. «En mai 2007, un accident similaire avait eu lieu sur le quai de déchargement des pétroliers à Donges», rappelle Jacky Bonnemain, président de l'association Robin des bois. En janvier 2006, une collision entre deux buthaniers avait également provoqué à Donges une fuite de fioul de 30 à 40 tonnes, causant la mort de plusieurs milliers d’oiseaux, principalement des échassiers.
560 pollutions en trois ans
Les Robins des bois, auteurs d'une étude sur les marées noires dans les eaux intérieures, attirent l'attention sur le fait que ce type de «fléau quotidien» est sous-estimé. Or, l'association a relevé plus de 560 pollutions par hydrocarbures entre 2004 et 2007 dans les rivières, les fleuves, les étangs, les canaux et les estuaires (voir carte ci-dessous). «Le tiers est d'origine inconnue et le quart est lié à une erreur de livraison ou de distribution de fioul comme cela s'est passé à Donges», explique Jacky Bonnemain. Selon lui, «ces pollutions, beaucoup plus discrètes et moins réglementées qu'en mer, ne sont pas moins nocives étant donné que la dilution des hydrocarbures est moins forte en rivière ou fleuve, car il y a moins de courant et de brassage.»
«L'impact est plus difficile à effacer, ajoute-t-il, soulignant que ces marées noires intérieures provoquent la mortalité d'oiseaux et de poissons. En ce qui concerne les conséquences pour l'homme, il n'y a pas encore de méthodologie adaptée». Peut-être plus pour longtemps. Les Robins des bois précisent qu'il a été acté au Grenelle de l'Environnement qu'«il devrait y avoir des enquêtes sur les causes et les conséquences des pollutions des eaux intérieures et que des tribunaux se spécialiseraient dans le traitrement de ces affaires, comme c'est le cas à Marseille, Brest et Le Havre pour les pollutions maritimes».