Il ne faut attendre de lui des déclarations à l’emporte-pièce ou fracassantes. Jeudi, lors de sa première apparition en conférence d’avant-match, Préjuce Nakoulma, auteur de ses deux premiers buts en France à Montpellier samedi, a « servi » à la presse un discours convenu, très respectueux du club et de son coach.

Pas un mot n’a dépassé l’autre, pas une phrase n’a prêté le flanc à polémique. Nakoulma connaît les ficelles du métier. A 29 ans, il sévit dans le milieu professionnel depuis une dizaine d’années. Mais, c’est surtout en Pologne qu’il s’est taillé une réputation de footballeur solide.

« Il était très aimé en Pologne et avait réalisé de très bonnes saisons notamment avec le Gornik Zabrze, se souvient Mathieu Pecquenard, rédacteur et suiveur du football polonais sur footballski.fr. Il a d’ailleurs joué avec Milik [attaquant polonais de Naples]. C’était une "bête" sur le terrain, il dégageait une puissance énorme. »

Il refuse Chine et Russie

En Pologne, il restera neuf années (2005-2014) avant de rallier la Turquie. « Il était bien là-bas, c’était comme son deuxième pays de naissance pour lui », estime Sébastien Ranc, agent de joueur et très proche de la sélection du Burkina Faso. Il s’y sent tellement bien qu’il aurait retoqué après une magnifique Coupe d’Arique des Nations 2013 plusieurs contrats lucratifs en Chine mais surtout en Russie.

« Il a refusé au dernier moment le club russe de Terek Grozny car des points de détails du contrat ne lui convenaient plus », raconte Leszek Blazinski, journaliste sportif pour le quotidien Przeglad Sportowy. Car le bonhomme, au-delà d’avoir des qualités de footballeur indéniables, a du caractère.

En Pologne, il avait un surnom : le président. « La théorie la plus probable est celle du lien entre son caractère, sa façon de jouer (un peu aussi) et évidemment le fait qu’en polonais son nom "Prejuce" s’écrive "Preżus" donc très proche de Prezes qui veut dire "Président" en Polonais », explique Pecquenard.

« C’est un garçon discret, calme, il a une vie très rangée, corrobore Sébastien Ranc. Mais, attention, il a un fort caractère. » « Il avait boycotté la presse un petit moment car il a mauvais caractère », poursuit Leszek Blazinski. « Il ne buvait pas, ne fumait pas et avait un côté irréprochable en dehors du terrain en Pologne », selon Mathieu Pecquenard. A son arrivée à la Jonelière, le joueur a d’emblée vouvoyé tous ses interlocuteurs et a insisté pour serrer la main à la gent féminine… Question de culture et d’éducation.

Draxler, Ntep…

« C’est surtout le meilleur joueur de la dernière Coupe d’Afrique des nations, s’enflamme Sébastien Ranc. Il a littéralement explosé les défenses. Il est rapide, puissant. Il est plus régulier que Pitroipa [ancien Rennais pisté aussi par Nantes en janvier]. » En Turquie, qu’il rejoint en 2014, il n’a pas laissé indifférent, surtout lors de ses deux premières saisons avec le club de Mersin (12 buts et 8 passes décisives en championnat).

« Quand on jouait contre lui, le coach nous mettait en garde contre ce joueur, admet l’ex-Nantais Olivier Veigneau, aujourd’hui à Kasimpasa. Il a beaucoup marqué à Mersin, un club qui ne jouait pourtant pas les premiers rôles et a même fini par descendre. Il a un profil à la Ntep, il provoque beaucoup balle au pied. »

« Il sait tout faire, conclut Ranc. Il va vite, saute haut. C’est un peu un Draxler dans le profil. Il peut tout exploser en France et partir en Angleterre après. » Draxler, Ntep… Monsieur le Président a déjà un rang à tenir.