REPORTAGEDans le quartier des Troadec, une ambiance «étrange», voire «morbide»

Famille disparue à Orvault: Dans le quartier des Troadec, une ambiance «étrange», voire «morbide»

REPORTAGELa disparition de cette famille du quartier est sur toutes les lèvres chez les riverains et commerçants...
Julie Urbach

Julie Urbach

Ils doivent montrer patte blanche, et la preuve qu’ils sont riverains, pour pouvoir pénétrer dans le secteur. Depuis deux jours, les habitants de la rue d’Auteuil (longue d’environ 300 mètres) et de ses abords passent par une barrière et un contrôle policier pour sortir et rentrer chez eux. Une scène inhabituelle à Orvault, commune désormais connue à l’échelle nationale, depuis que les Troadec, cette famille qui y résidait depuis une dizaine d’années, a mystérieusement disparu depuis deux semaines.

Ce jeudi, alors que les regards étaient davantage tournés vers Brest et Saint-Nazaire, où de nouveaux indices ont été retrouvés, le calme semble être revenu au Petit Chantilly, ce quartier pavillonnaire de l’agglomération nantaise.

« Mais depuis plusieurs jours, l’ambiance est morbide, décrit le boucher, situé à quelques centaines de mètres du lieu du drame. Hier, il y avait toutes ces caméras qui attendaient de voir ce qu’on allait sortir de la maison. Dès samedi, alors que l’on pouvait encore accèder à la rue, il y avait un trafic inhabituel : des gens passaient voir à vélo, à pied. Certains sont même rentrés pour me demander des infos. Il faut faire avec, mais j’espère que ça va vite passer. »

Le 28 février 2017, devant le pavillon de la famille disparue. L. Notarriani/AP SIPA
Le 28 février 2017, devant le pavillon de la famille disparue. L. Notarriani/AP SIPA - Laetitia Notarianni/AP/SIPA

« Encore sous le choc »

Chez les habitants, si le sujet est sur toutes les lèvres, l’excitation qu’elle peut provoquer dans le pays semble ici moins marquée. « Moi, je ne veux pas imaginer ce qui a pu se passer, assure une employée de la boulangerie. Je suis encore sous le choc car je servais souvent ce Monsieur. Il venait seul ou avec sa femme, on se disait bonjour. C’est dur de se dire que ce qui est pour moi un drame familial a pu se produire si près d’ici. »

a

Christiane (prénom d’emprunt), elle, avoue éprouver une certaine « curiosité ». Celle qui habite un autre quartier d’Orvault raconte avoir immédiatement regardé sur un plan la localisation exacte du pavillon des Troadec. « Je me sens concernée, encore davantage que pour l’affaire De Ligonnès. Ce midi, j’ai déjeuné chez une amie et on en a beaucoup parlé. On a appris ensemble que la voiture avait été retrouvée. C’est un vrai mystère cette histoire, et j’ai vraiment hâte d’en connaître l’issue. »

Dans le quartier du pavillon de la famille Troadec, ce jeudi
Dans le quartier du pavillon de la famille Troadec, ce jeudi - J. Urbach/ 20 minutes

« On connaît les concernés »

Devant le PMU, la découverte à Saint-Nazaire de la Peugeot 308 du fils Troadec, en fin de matinée, est là aussi au cœur des discussions. « Cet élément rend l’histoire vraiment inquiétante, lâche un jeune homme. Il y a une atmosphère plutôt étrange, surtout lorsque l’on connaît les concernés. » Agé d’une vingtaine d’années, il a fréquenté Sébastien Troadec à l’école primaire et au collège. Et décrit quelqu’un de « réservé », qui pouvait avoir « des accès de colère parfois inexpliqués. » « Ça avait quand même l’air d’être une famille plutôt normale », précise-t-il cependant.

Quelques heures après, le mystère s’épaississait encore un peu plus, après que les enquêteurs ont retrouvé toujours près de Brest un manuel scolaire, une carte bancaire et un drap liés à l’affaire.