L’attaquant guingampais Claudio Beauvue (26 ans), véritable révélation du début de saison en Ligue 1 (10 buts), a été pensionnaire du centre d’entraînement de la Jonelière de 15 ans à 18 ans. A l’issue de ces trois années (2003-2006), les techniciens nantais n’ont pas souhaité le conserver. Beauvue n’est pas le premier joueur à passer entre les mailles du filet du FCN. Et ça ne sera pas le dernier. De la même manière, Nantes n'est pas le premier club à laisser filer des pépites.

En concurrence avec Payet

Laurent Guyot, directeur du centre de formation à l’époque, n’a pas oublié «ce très bon gamin» et a l’honnêteté de plaider coupable aujourd’hui. «C’est bien de dire qu’on fait des erreurs, mais souvent personne n’assume derrière, explique Guyot. Oui, il aurait mieux valu le garder.» L’ancien patron de la formation a des regrets, il se souvient néanmoins pourquoi le dossier avait été remisé au placard à archives. «Au moment du choix, on avait Payet qui était de 1987 et lui qui était de 1988. Ils jouaient tous les deux au même poste. Le premier est passé pro, pas l’autre. L’idéal aurait été de faire passer les deux.»

Une détente déjà phénoménale

Franck Maufay, son coach pendant ses deux premières années nantaises, se souvient «d’une forte volonté de réussir, d’une détente phénoménale et d’un talent de buteur», mais aussi de quelques lacunes rédhibitoires pour passer pro. «Sa taille posait problème [il fait 1, 74 m], sur les gros matchs, comme il jouait devant, c’était un handicap. Techniquement, il était un peu frustre aussi.» Il faudra quand même attendre sept ans pour retrouver Beauvue en L1 [à Bastia en 2013]. Entre-temps, il évolue en L2 sans toujours briller (Troyes et Châteauroux). Son éclosion a en fait été très tardive. «Sa plus grosse évolution, elle est athlétique, note Guyot. Il avait une bonne détente par exemple, mais c’était difficile d’imaginer qu’il pourrait prendre le dessus de la tête un jour sur le duo Thiago Silva et David Luiz.»

Réussirait-il aujourd'hui sans cet échec nantais?

Et si finalement, l’échec nantais l’avait rendu plus fort mentalement? «Ça a peut-être été un tremplin, estime Maufay. Il s’est dit: «Je vais leur prouver qu’ils avaient tort!» Laurent Guyot a même reconnu son tort auprès de l’intéressé lui-même. «Je me permets de raconter cette anecdote car c’est Beauvue lui-même dans une interview qui l’a dit. Le jour où il a fait son premier match avec Troyes, j’ai pris mon téléphone pour le féliciter et lui dire que je m’étais trompé!»