Nantes: La Villa Déchets risque la benne
Société•L'avenir de l'insolite construction est en sursis sur son site de l'éco-quartier Bottière-Chénaie...Frédéric Brenon
Implantée il y a trois ans à l'est de Nantes, la Villa déchets vit-elle ses derniers jours? La question reste posée dans la mesure où Nantes métropole souhaite que le site qu’elle occupe soit libéré pour y poursuivre l’aménagement prévu de l'éco-quartier Bottière-Chénaie. Le contrat liant la collectivité à Tabakero, l’association chargée d’animer cet habitat insolite composé entièrement de matériaux récupérés (cartons, palettes, bouteilles, etc.), prend d’ailleurs fin ce mardi 30 septembre. Oui mais voilà, Frédéric Tabary, designer porteur du projet, ne peut se résoudre à voir cette œuvre démantelée. «Plus de 2500 bénévoles ont participé à sa construction. Elle a servi de supports pédagogiques à des dizaines d’écoliers et d’étudiants, un documentaire y a été tourné... Elle a servi les intérêts de la métropole dans la perspective de Green Capital. Et maintenant on n’en aurait plus besoin?»
Des massages pour sans-abri
L’association Le Spa de la rue, qui recherche un local pour les soins et massages qu’elle propose à des sans-abri, a écrit à la communauté urbaine pour signaler son intérêt pour la Villa. Emballé par l’idée, Frédéric Tabary se dit prêt à lui céder gratuitement. «On va examiner leur demande. Nous ne sommes pas figés sur la date du 30 septembre, on n'est pas à quelques semaines près», répond Philippe Marest, directeur général adjoint à Nantes métropole. Avant de rappeler: «La Villa est une œuvre culturelle éphémère, construite sans permis de construire et dont la durée de vie, compte tenu des matériaux employés, était estimée à 3 ans. Tout est ouvert, sauf la possibilité qu’elle reste durablement à son emprise actuelle. Un nouveau lieu devra être trouvé.»
Un transfert trop coûteux?
Problème: déplacer et reconstruire la Villa coûterait entre 10.000 et 15.000 euros. «Le Spa de la rue n'aura bien entendu jamais les moyens de prendre cette somme à sa charge, s'énerve Frédéric Tabary. Et moi je ne le ferai pas non plus. Ça veut donc dire que la Villa va partir à la benne! C'est ce qui va se passer! Ou alors Nantes métropole paie le déplacement, mais ça, ça m'étonnerait.»
Colère de Frédéric Tabary
Le designer, qui par ailleurs assure que les matériaux de la Villa peuvent «tout à fait rester dix ans en place» sans se dégrader, se dit «dépité» par la situation. «J'ai envoyé trois recommandés à Johanna Rolland mais elle n'a jamais daigné me répondre, tempête Frédéric Tabary. Quand il s'agit de se montrer sur les réseaux sociaux, là, par contre, il y a du monde... Je ne comprends pas. On a servi à quoi au juste? A faire du greenwashing? De l'esbroufe pour les touristes? Je vais écrire à Jean-Marc Ayrault. Je veux qu'on m'explique.»