« Le muscadet doit devenir tendance »

« Le muscadet doit devenir tendance »

François Robin Le responsable du bureau des vins de Nantes évoque les défis du vignoble
Propos recueillis par Frédéric Brenon

Propos recueillis par Frédéric Brenon

Après plusieurs années de crise des ventes, le vignoble nantais attaque les vendanges 2012 avec optimisme et volonté de reconquête. Entretien avec François Robin, délégué régional du bureau des vins de Nantes.

Où en est l'image du muscadet ?
Le muscadet renvoit une image de vin blanc accessible, populaire, idéal pour les fruits de mer. C'est bien, mais, compte tenu de ses atouts, on est persuadés qu'on peut faire beaucoup mieux. Le muscadet doit devenir un vin tendance. On peut y arriver.
Sa qualité fait-elle l'unanimité ?
Il y a encore des idées reçues : un vin de comptoir, qui pique, qui donne mal à la tête… C'est un héritage d'une période révolue depuis plusieurs années. Un virage qualitatif a été pris et, la vérité, c'est qu'on ne trouve plus de mauvais muscadet. Au contraire, on a désormais une gamme constituée entre le « générique », le « sur lie » et les crus communaux. C'est sans doute le vin blanc avec le meilleur rapport qualité-prix au monde. Certains crus communaux rivalisent sans problème avec des chablis ou bourgogne à 35-40 €! La presse spécialisée ne dit pas le contraire.
Que lui manque-t-il encore ?
Contrairement aux bordeaux ou aux vins d'Alsace, le lien du muscadet avec son terroir n'est pas évident. On a besoin de l'associer à une destination, au dynamisme de la région nantaise. On réfléchit d'ailleurs à ajouter le mot « Nantes » au nom des muscadet entrée de gamme.
Les Nantais sont-ils de bons ambassadeurs ?
Il y a encore du chemin à parcourir, en particulier dans les bars et restaurants. Un seul muscadet à la carte, par exemple, c'est insuffisant. Un grand vignoble doit avoir quatre, cinq, six propositions dans les restaurants de sa région. Les sommeliers ont un rôle à jouer. Certains traînent les pieds par méconnaissance. C'est pour ça qu'il nous faut sans cesse être pédagogues.
Quels clients ciblez-vous

pour cette reconquête ?
Les trentenaires, les nouveaux Nantais. Les femmes aussi, grandes consommatrices de vin blanc. Le lien de confiance de demain se construit maintenant.