Montpellier : Pourquoi la route est encore longue pour le Contournement ouest
ROUTE•Ce vieux projet de route entre les autoroutes A750 et A9, qui ne fait pas l'unanimité, a connu quelques avancées majeures ces dernières semainesNicolas Bonzom
L'essentiel
- Le Contournement ouest de Montpellier, qui doit relier l'A750 à l'A9, et chasser le trafic de transit du cœur de ville, agite le microcosme politique depuis des lustres.
- Si le dossier est loin d’être ficelé, il a toutefois connu des avancées majeures ces dernières semaines : il a été déclaré d’utilité publique, et le financement devrait être assuré par les concessionnaires des autoroutes. Il n’y aura pas de péage.
- Le projet a pas mal d’ennemis. Dans la majorité même de Michaël Delafosse, les écologistes n’en veulent pas. L’association Vélocité y est également opposée.
A Montpellier (Hérault), ça fait plus de 25 ans que l’on parle du Contournement ouest (Com). Cette route d’environ 6 km qui doit relier l'A750 à l'A9, et ainsi chasser une partie du trafic de transit du cœur de la métropole, est un véritable serpent de mer, qui agite le microcosme politique depuis des lustres.
« Il faut que ce dossier avance », confie Michaël Delafosse (PS), le maire et président de la métropole. Pour que les quartiers s’apaisent, « que la qualité de l’air s’améliore » dans le centre-ville de Montpellier, et, à l’ouest, pour que « les habitants ne perdent pas leur temps dans les embouteillages, parce qu’il n’y a pas d’infrastructures de transports collectifs, note l’élu. Il nous faut le Com. » Car les automobilistes galèrent. Selon le site officiel du Com, entre l’échangeur de la Mosson et le giratoire de Rieucoulon, il y a entre 19.000 et 25.000 véhicules par jour. Et le Rieucoulon et le carrefour du Mas de Grille, plus au sud, le trafic double quasiment, avec environ 37.000 véhicules par jour.
« Eviter que dans Montpellier ne rentre toute une cohorte de véhicules »
Les automobilistes devront ronger leur frein : le projet est loin d’être ficelé. Mais il a connu, ces dernières semaines, des avancées majeures. Après un avis favorable du commissaire enquêteur en 2020, il a été déclaré d’utilité publique en septembre. Et il a reçu, vendredi, l’appui de Jean Castex. « Le principal enjeu, c’est d’éviter que dans Montpellier ne rentre toute une cohorte de camions, de véhicules, etc., avec toutes les conséquences que l’on connaît », a rappelé le Premier ministre, en visite à l’hôtel de ville pour mettre un coup d’accélérateur à ce projet. « Si la route a mauvaise réputation, c’est parce que les véhicules qui y roulent, en utilisant des énergies fossiles, émettent des effets de serre. Mais si on fait évoluer ça, la route n’est pas notre ennemi. »
Pourtant, le Com a pas mal d’ennemis. Dans la majorité même de Michaël Delafosse, les écologistes n’en veulent pas. Selon les élus EELV, le Com entraînera « une multiplication du trafic, 95.000 véhicules par jour prévus, une aggravation de la pollution de l’air et du bruit, une augmentation des gaz à effet de serre, la destruction d’espaces végétalisés », et il « favorisera l’étalement urbain ». Pour les écologistes, cet argent pourrait servir à autre chose, « à des projets non polluants, à des solutions écologiques », comme « développer le vélo, multiplier l’offre de transports publics ».
Qui va payer ?
Vélocité, qui promet l’usage de la bicyclette, est elle aussi opposée au Com. L’association déplore que ce projet « place la voiture au sommet des priorités par rapport à tous les autres modes de transport », et qu’il aille à l’encontre des enjeux actuels de réduction de la pollution, en attirant de nouveaux véhicules.
Il reste aussi une question essentielle à trancher : qui va payer les 280 millions d’euros nécessaires pour réaliser le Com ? Pas les collectivités. Ni l’Etat. Un « adossement complet » est envisagé : la société gestionnaire des autoroutes va être appelée à mettre la main à la poche. En échange, elle pourrait sans doute avoir droit à une rallonge sur la durée de sa concession. « Comme nous allons relier deux sections autoroutières, nous voulons que ce tronçon soit financé dans le cadre des concessions existantes », a expliqué le Premier ministre, rappelant toutefois qu'« il n’y aura pas de péage ».
Ce dispositif nécessite que le Conseil d’Etat soit saisi. Ce serait fait dans les prochaines semaines. Il faudra, aussi, passer par une enquête sur le volet environnemental. Puis les travaux pourront commencer. Mais il reste encore du chemin.