Montpellier: Après le maire, le préfet interdit le «Karnaval des gueux» qui avait dégénéré en 2017
DEBORDEMENTS•L’année dernière, l’événement, censé être festif, avait dégénéré dans le centre-ville…Nicolas Bonzom et Jérôme Diesnis
Après le maire Philippe Saurel (divers gauche), le préfet de l'Hérault a pris un arrêté d’interdiction concernant le « Karvanal des gueux », réputé pour ses dérapages, depuis de longues années. Cette « fête » est « devenue l’occasion pour des fauteurs de trouble de s’en prendre aux commerces et établissements de Montpellier et d’agresser des particuliers et les représentants de la force publique », souligne la préfecture.
Pierre Pouëssel pointe du doigt « des débordements récurrents ». « L’année dernière des comportements d’une rare violence et prémédités, avec des cocktails Molotov prépositionnés dans certains immeubles, ont fait plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre et conduit à des dégradations importantes sur des commerces du centre-ville. »
« Des scènes de guérilla urbaines »
Les témoignages, recueillis l’année dernière par 20 Minutes, décrivaient des « scènes de guérilla urbaines ». Les commerçants, dépités, avaient témoigné de leur désarroi au
lendemain des dégradations de leurs boutiques. Des vitrines brisées ou taguées
et des poubelles incendiées émaillaient le centre-ville le matin du 1er mars 2017.
« C’était une nuit de guerre civile en plein centre-ville. Il y avait le feu partout. Ils étaient en petit groupe, incontrôlables, armés de marteaux utilisés pour casser les vitres », témoignait, dégoûtée, Odette, une commerçante dont la boutique de lingerie de la Grand Rue Jean-Moulin avait été saccagée. Il y a quelques jours, le maire avait lui aussi pris un arrêté municipal interdisant les rassemblements et occupations du domaine public non autorisés, la vente à emporter de boissons alcoolisées, leur consommation et leur transport, les commerces ambulants et les pétards et feux d’artifice ou encore la détention de matières inflammables du mardi 13 février, à partir de 18 h, jusqu’à 5 h.
Le collectif Ensemble dénonce l’interdiction
Le « Karnaval des gueux », manifestation à l’origine festive, est une tradition à Montpellier depuis les années 1980. De son côté, le collectif Ensemble dénonce l’arrêté du maire : « C’est oublier, ou faire semblant d’oublier, que s’il y a eu des débordements l’année dernière, ce n’était pas pendant le défilé du carnaval, mais en marge et que si débordements il y a eu, c’est que la police a fait le choix de ne pas intervenir pour mieux ensuite sévir (…) Si la ville considère les fêtes sous l’unique angle des nuisances est-ce que cet arrêté sera pris pour les troisièmes mi-temps, pour la Fête de la musique ? »
Malgré les interdictions, il y a peu de chance que les participants du « Karnaval des gueux » ne soient pas dans les rues de Montpellier, dans la nuit de mardi à mercredi.