Emmanuel Moire: «J’aime cette idée d’être là pour quelqu’un d’autre que soi»
INTERVIEW•Le chanteur fait partie de la troupe des Enfoirés dont TF1 diffuse le concert filmé à Montpellier ce vendredi...Propos recueillis par Jérôme Diesnis
TF1 diffuse ce vendredi soir le concert des Enfoirés. C’est à Montpellier, à la Park&Suites Arena, qu'ils se sont produits cette année. Emmanuel Moire, qui s'est confié à 20 Minutes à cette occasion (avant la polémique sur le dernier clip des Enfoirés, «Toute la vie»), évoque son regard sur la solidarité qui unit les artistes autour des Restos du Coeur. Les concerts et ventes de CD et DVD des Enfoirés représentent plus de 12% des ressources de l'association.
Comment vit-on l’expérience des Restos du Cœur de l’intérieur?
Je l’ai découverte l’an passé. J’avais envie de chanter, faire des sketchs, un spectacle, mais pas seulement. On est là au même titre que les bénévoles ou que ceux qui paient leur place, pour l’association. Il y a une communion entre artistes que je n’ai vue nulle part ailleurs.
On se sent quelqu’un de bien quand on chante pour les Restos?
Les artistes, nous sommes toujours un peu dirigés par notre ego, on a l’impression que le monde tourne autour de notre nombril. J’aime cette idée d’être là pour quelqu’un d’autre que soi. Je n’ai pas l’impression de travailler. L’année dernière, j’ai dit oui instinctivement, sans réfléchir. Je participe aux Restos sur ce spectacle, mais le reste de l’année, je le fais en tant que Français, par des dons, tout simplement.
Trente ans de Restos du cœur, c’est aussi un constat amer sur la pauvreté…
Ça ne m’inspire pas de la joie. On préférerait tous que les Restos n’existent plus; qu’au fil des années, on n’ait plus besoin de faire un spectacle pour récolter des fonds. En même temps, c’est assez rare d’avoir autant d’artistes capables d’oublier leurs tournées, leurs albums pour participer à un tel élan de solidarité. Depuis trente ans, elle n’a pas faibli.
C’est l’effet Coluche, l’effet Goldman ?
Dans ce que l’on vit de pire, comme en ce début d’année, on voit que les gens sont aussi capables du meilleur. Que l’on soit différent dans notre sexualité, notre religion, notre couleur de peau, on peut marcher dans la rue le cœur sur la main. Alors on est aussi capable de penser à ceux qui n’ont pas d’argent, pas de toit, pas de nourriture.
Le concert des Restos du cœur, c’est un zeste de bonne humeur dans une cause difficile ?
Les informations ou les gens qui ont un état d’esprit négatif rappellent au quotidien tout ce qui ne va pas. Je ne veux pas dire que je ne vois pas la misère. Mais je préfère insister sur le fait d’être un moteur pour engendrer de la solidarité, de l’entraide, du sourire. C’est important.
Quand on arrive dans la famille des Restos, est-on bizuté ?
Je n’ai pas le sentiment d’avoir été bizuté l’année dernière. Mais de toute façon, on peut me donner un costume super ridicule, ça m’amuse. On n’est pas là pour se prendre au sérieux. Et personnellement, j’adore casser les images.