Syrie: Bachar al-Assad, satisfait de Washington, attend désormais des «actes»
DIPLOMATIE•Après que John Kerry a considéré qu'il fallait négocier avec le président syrien...Maud Pierron
Bachar al-Assad n'a pas tardé à réagir aux propos de John Kerry qui a concédé, dimanche, quatre ans après le début de la guerre civile syrienne, que Washington devait négocier avec le président syrien pour trouver une sortie de crise.
Pour lui, il faut attendre que les «actes» se joignent à la parole. «Nous écoutons toujours les déclarations, nous devons attendre les actes et à ce moment-là on décidera», a-t-il répondu, selon des propos reproduits par l'agence syrienne officielle Sana.
cette annonce est une «reconnaissance de la légitimité» d'Assad
Cette prise de position de John Kerry dimanche a étonné puisque depuis 2011, Washington appelait au départ du président syrien, mais a été saluée par la presse officielle syrienne, qui a jugé que cette annonce est une «reconnaissance de la légitimité,de son rôle clé, de sa popularité» de Bachar al-Assad. Le journal al-Watan, quotidien privé proche du pouvoir, estime que les propos de John Kerry ouvrent «une nouvelle étape dans les négociations politiques». Il évoque la possibilité qu'un «émissaire américain» se rende «à Moscou le 6 avril pour participer aux efforts russes visant à trouver une solution à la crise syrienne».
Le journal se félicite du fait que la position du secrétaire d'Etat ait «choqué ses alliés qui pratiquent le terrorisme contre la Syrie» et «qui avaient misé sur une intervention militaire pour renverser» le régime. Al-Baas, journal du parti au pouvoir, souligne de même une nouvelle fois «l'échec du projet américano-sioniste contre la Syrie».
Londres et Ankara pas d'accord, une «gifle» pour la France
Une porte-parole du Département d'Etat a toutefois précisé dimanche soir qu'il n'y avait eu aucune modification de la position américaine et qu'il «n'y a pas d'avenir pour un dictateur brutal comme Assad en Syrie». Mais dès ce lundi, la Turquie a réagi, jugeant inutile «de négocier avec un régime qui a tué 200.000 personnes». «Qu'est-ce que vous voulez négocier avec un tel régime? Bachar al-Assad a tué 200.000 personnes et utilisé l'arme chimique contre sa propre population», a déclaré lors d'une visite au Cambodge le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, cité lundi par l'agence de presse gouvernementale Anatolie.
Dès dimanche, une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères s'est démarquée des déclarations de John Kerry, déclarant: «Assad n'a pas sa place dans l'avenir de la Syrie». La France n'a pas encore réagi à ces propos mais Didier Julia, l'un des quatre parlementaires qui a participé à un voyage controversé en Syrie fin février, a jugé ce lundi que cette déclaration était «une gifle cinglante» pour la diplomatie de la France.
«Une nouvelle fois, les Etats-Unis font preuve d'un réalisme constructif dans la recherche d'une solution politique pour mettre fin à cette guerre civile alors que la France s'enferme dans une position rigide de refus de reprendre le chemin de Damas», écrit le député des Yvelines dans un communiqué.