Les Kurdes d'Irak vont envoyer des renforts à Kobané, Erdogan critique Washington
Le Parlement du Kurdistan irakien a autorisé mercredi l'envoi de combattants pour renforcer les forces kurdes syriennes qui luttent contre les jihadistes dans Kobané, où de violents combats ont repris en soirée.© 2014 AFP
Le Parlement du Kurdistan irakien a autorisé mercredi l'envoi de combattants pour renforcer les forces kurdes syriennes qui luttent contre les jihadistes dans Kobané, où de violents combats ont repris en soirée.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs vivement critiqué Washington pour avoir largué lundi des armes sur la troisième ville kurde de Syrie, frontalière de son pays, jugeant cette décision «mauvaise».
Le feu vert du Parlement de la région autonome du Kurdistan irakien à l'envoi de «forces» pour défendre Kobané intervient deux jours après la décision prise par la Turquie d'accepter le passage par sa frontière de combattants kurdes d'Irak, les peshmergas, excluant le transit de Kurdes turcs ou d'autres nationalités.
«Nous ne savons pas si et quand ces combattants vont passer la frontière, ils doivent se coordonner avec nous pour que notre combat soit couronné de succès», a indiqué depuis Kobané Enver Muslim, un responsable kurde.
Les peshmergas ont joué un rôle crucial en Irak dans la lutte contre les jihadistes de l'EI lorsque ces derniers ont lancé en juin une offensive fulgurante dans le nord du pays, face à une armée irakienne en déroute.
Les Kurdes qui défendent Kobané réclament depuis des semaines un soutien accru de l'extérieur pour faire face à l'avancée des jihadistes, plus nombreux et mieux armés qu'eux.
- Erdogan 'ne comprend pas' -
Le premier largage d'armes et de munitions effectué lundi par les Etats-Unis aux combattants kurdes de Kobané a été l'objet de sévères critiques de la Turquie.
«Il est aujourd'hui clair que (cette décision) était mauvaise», a estimé le président turc Recep Tayyip Erdogan, en expliquant que ces armes étaient tombées entre les mains du PYD, équivalent syrien à ses yeux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu'Ankara considère comme une «organisation terroriste».
«Je ne comprends pas pourquoi Kobané est d'une importance si stratégique aux yeux des Américains, il n'y a plus aucun civil» dans la ville, a poursuivi M. Erdogan.
La Turquie a jusque-là refusé d'intervenir elle-même militairement pour aider les défenseurs de Kobané, craignant qu'une telle opération ne profite au régime du président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire, et ne renforce les Kurdes.
Elle a ainsi résisté aux pressions de l'administration américaine, qui a accordé une attention croissante à Kobané au fur et à mesure que la ville devenait, aux yeux du monde, le symbole de la lutte anti-jihadiste.
De violents combats ont repris mercredi soir dans la ville assiégée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Une journaliste de l'AFP présente à la frontière turque, à quelques kilomètres de Kobané, a également observé que les combats avaient repris en plusieurs points de la cité, appelée Aïn al-Arab en arabe.
Les violences dans cette ville ont poussé depuis le 16 septembre à la fuite plus de 300.000 personnes.
- 'En très mauvaise posture' -
En Irak, la coalition internationale menée par les Etats-Unis a effectué douze frappes en 24 heures pour repousser un assaut des forces de l'organisation Etat islamique (EI) près du barrage de Mossoul (nord), le plus grand du pays, a indiqué le Pentagone.
Le Royaume-Uni pourrait effectuer des opérations avec les Etats-Unis «côte à côte» contre les positions de l'EI en Irak et en Syrie, a affirmé mercredi soir à la BBC John Allen, le général américain qui coordonne la campagne américaine contre le groupe jihadiste.
Les Britanniques «vont nous aider, je pense, dans la stratégie (à adopter contre l'EI)... c'est en discussion actuellement», a-t-il ajouté.
Près de la frontière syrienne, les jihadistes de l'EI font de nouveau le siège du Mont Sinjar, où s'étaient réfugiés début août des milliers de civils yazidis pour fuir l'avancée du groupe extrémiste en Irak.
Ce siège, et la tragédie humanitaire qui en a découlé, avait marqué une étape importante dans la lutte contre l'EI, puisqu'il avait notamment décidé les Etats-Unis à s'engager par le biais de raids aériens sur l'Irak.
Les jihadistes «tentent de grimper la montagne à pied pour affronter les volontaires yazidis», a indiqué Dawud Jundi, un responsable des forces locales, interrogé par l'AFP au téléphone.
«Il y a près de 2.000 familles qui sont en très mauvaise posture» sur le Mont Sinjar, a-t-il ajouté.
Dans Bagdad, qui reste hors du contrôle des jihadistes, deux attentats à la voiture piégée ont tué au moins 28 personnes dans des quartiers chiites.
L'un, près d'une maternité à Sadr City, a tué au moins 10 personnes et l'autre, près d'une station-service dans une rue commerçante du quartier central de Karrada, a coûté la vie à au moins 18 personnes.