Daesh: La coalition se réunit à Washington, les djihadistes atteignent le centre de Kobané
CONFLIT•La Maison Blanche n'a pas précisé le programme de cette réunion sans précédent depuis la mise sur pied de la coalition...B.D. avec AFP
Les plus hauts gradés américains et leurs homologues de 21 pays de la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI) se réunissent ce mardi sur la base aérienne d'Andrews, près de Washington, pour «discuter des efforts de la coalition dans la campagne actuelle contre l'EI», en présence de Barack Obama, alors que les djihadistes ont pris position pour la première fois dans le centre de Kobané.
La Maison Blanche n'a pas précisé le programme de cette réunion sans précédent depuis la mise sur pied de la coalition. Un diplomate du département d'Etat américain a toutefois prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre à des «annonces».
Les djihadistes contrôlent «la moitié» de Kobané
Dans la ville syrienne de Kobané, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les djihadistes de l'EI ont pu s'emparer lundi du centre culturel et s'installer pour la première fois dans le centre de cette localité qu'ils convoitent depuis le lancement le 16 septembre de leur grande offensive sur cette région kurde de la Syrie.
«Auparavant, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient, mais cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent désormais la moitié de la localité», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. De violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes ont par ailleurs eu lieu lundi dans les faubourgs nord de Kobané, à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie.
Dans la troisième ville kurde de Syrie, la journée a aussi été marquée par trois explosions à la voiture piégée déclenchées par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de fournir un bilan des victimes. Deux de ces explosions ont eu lieu au nord de Kobané dans une zone où les djihadistes avaient lancé une offensive.
Confusion
Ce secteur du poste-frontière de Mursitpinar est emprunté quotidiennement par des civils fuyant les combats et par des combattants kurdes évacués pour être soignés dans les hôpitaux de Suruç en Turquie. C'est devenu «un objectif stratégique» pour les djihadistes, selon Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en Turquie, qui affirme que l'EI cerne «déjà la ville de trois côtés différents».
«S'ils réussissent à prendre le contrôle de cette zone, ils fermeront tous les accès et pourront commencer leur massacre» à Kobané. Si l'EI a pu installer une position au centre de la ville, une semaine après être entré à Kobané et trois jours après avoir délogé les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de leur QG, ces derniers ont mené une contre-offensive dans le sud de Kobané et repris deux positions des djihadistes, selon l'OSDH.
Des déclarations contradictoires de Washington et Ankara sur un accord concernant l'utilisation de bases aériennes turques -et notamment la grande base d'Incirlik où 1.500 Américains sont stationnés- par les avions américains pour effectuer des raids contre l'EI ont semé une certaine confusion. Confusion qui illustre les relations difficiles entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays de l'Otan, sur le dossier syrien.
Passivité turque
En dépit des pressions américaines, Ankara refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire internationale au motif que les frappes aériennes dirigées contre les djihadistes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien Bachar al-Assad, la bête noire de ses dirigeants islamo-conservateurs.
Les autorités turques ont posé comme conditions préalables à leur participation la création d'une zone-tampon et d'une zone d'interdiction aérienne dans le nord de la Syrie, l'entraînement et l'armement des rebelles de l'opposition syrienne modérée et la réaffirmation de l'objectif de renverser l'actuel régime de Damas. Les Kurdes ont dénoncé ces derniers jours la passivité turque face à la situation à Kobané, et des émeutes pro-Kurdes ont fait une trentaine de morts en Turquie.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a en revanche «remercié» lundi soir à Paris son homologue français Laurent Fabius «pour la contribution de la France» au combat contre l'EI, «dont les frappes militaires», selon un responsable du département d'Etat.
En Irak, au moins 22 morts ont trouvé la mort dans trois attentats à la bombe qui ont eu lieu en moins d'une heure lundi dans des quartiers chiites de Bagdad. L'ONG de défense des droits de l'Homme Amnesty international a dénoncé mardi des crimes de guerre en Irak commis par des milices chiites, qui combattent l'EI, contre des civils sunnites. Elle a accusé le gouvernement irakien de les soutenir et de les armer.