Syrie: Tractations politiques et diplomatiques sur le chemin de la guerre

Syrie: Tractations politiques et diplomatiques sur le chemin de la guerre

DIPLOMATIE – Les futurs membres de la coalition cherchent à convaincre leur population mais aussi les autres chefs d'Etat...
Matthieu Goar

Matthieu Goar

Pause politique et diplomatique sur le chemin de la guerre. Jeudi, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont freiné leur avancée vers une intervention en Syrie. Et les heures qui se sont écoulées ont été dominées par des «tractations intenses», histoire de convaincre les opinions mais aussi certains alliés bien silencieux. «Il y a eu une focalisation médiatique, mercredi. De notre côté, Nous n’avons jamais dit que nous attaquerions en milieu de semaine mais nous avons parlé de "quelques jours". Cette estimation tient toujours», estime une source diplomatique..

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Dans les démocraties de la future coalition, les parlements ont leur mot à dire. Et ils demandent des preuves avant les bombardements. Traumatisée par la guerre en Irak, l’opposition travailliste anglaise a exigé des «preuves convaincantes». «On ne peut pas demander à la Chambre des Communes de signer un chèque en blanc au Premier ministre pour son intervention militaire», a ainsi déclaré Ed Miliband. Les troupes du patron travailliste devaient ainsi s’opposer, jeudi soir, à une première motion. Le gouvernement de David Cameron devra faire voter un deuxième texte avant toute intervention. Après un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, Angela Merkel, qui joue sa réélection le 22 septembre, a convenu que le Conseil de sécurité de l'ONU devait étudier le rapport des inspecteurs sur l'emploi des gaz.

Rallier d’autres pays à la cause

Mis sous pression par certains membres du Congrès qui étalent leur scepticisme sur les networks américains, la Maison Blanche s’est ainsi décidée à communiquer des preuves des attaques toxiques des représentants de la Chambre des représentants et du Sénat pendant que Barack Obama explique toujours hésiter sur une intervention. «Depuis le jour-même du massacre, nous avons les preuves vidéos que les massacres ont été perpétrés par le régime de Assad», confie une source à l'Elysée. François Hollande a lui aussi estimé qu’il fallait étudier les rapports faits sur place. Dans ce contexte, aucune intervention ne semble envisageable avant le retour des inspecteurs de l’ONU. le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a expliqué que ces inspecteurs rentraient samedi et qu’ils «feront leur rapport dès qu'ils seront sortis» du territoire syrien.

Devant des opinions publiques partagées [voir ci-dessous], le temps de l’argumentation est donc venu. «Ce travail de préparation diplomatique n’est pas le plus spectaculaire mais il est indispensable. Pour construire la coalition, il faut chercher l’assentiment de l’opinion internationale mais aussi de certains pays occidentaux», analyse une source diplomatique. Alors que la coalition devra se passer d’un blanc-seing de l’ONU puisque la Russie s’y oppose, la future coalition cherche à agréger des soutiens et chaque prise de position publique est précieuse. Jeudi midi, Laurent Fabius recevait ainsi son homologue italienne, Emma Bonino. «Les Italiens ne participeront pas à la coalition mais ce serait bien qu’ils disent leur soutien», analyse une source à l’Elysée. Peine perdue, la ministre ne s’est pas prononcée. De son côté, François Hollande, qui «multiplie les contacts téléphoniques» a reçu à l’Elysée Ahmad al-Jarba, le chef de l’opposition syrienne. Histoire de montrer aux caméras que l’après Bachar Al-Assad fait partie des préoccupations occidentales. Pendant ce temps-là, en Méditerranée, un cinquième destroyer américain est arrivé sur zone.

Une opinion divisée

Les Français sont partagés sur l'éventualité d'une intervention militaire de l'ONU en Syrie, 45% d'entre eux s'y déclarant favorables alors que 40% y sont opposés, selon un sondage CSA pour le site d'information Atlantico diffusé mercredi. Selon une deuxième enquête Ifop pour Le Figaro à paraître jeudi, 55% des sondés se déclarent favorables (17% «tout à fait favorables», 38% «plutôt favorables») à une telle opération, contre 45% qui y sont opposés.