MONDESyrie: Que sait-on sur l'enlèvement des journalistes français?

Syrie: Que sait-on sur l'enlèvement des journalistes français?

MONDEFrançois Hollande exige «la libération immédiate» des deux journalistes français qui ont disparu en Syrie...
A.-L.B. avec AFP

A.-L.B. avec AFP

Que s’est-il passé en Syrie?

En voyage officiel au Japon, le président François Hollande a annoncé vendredi que deux journalistes français étaient portés disparus en Syrie. Lors d’une conférence de presse, il a exigé «la libération immédiate» des deux journalistes, sans citer leurs noms ni les médias pour lesquels ils travaillent. Répondant à une question, il a confirmé que «le contact a en effet été perdu avec deux journalistes sans qu'on connaisse exactement encore les conditions».

Qui sont ces journalistes français?

La radio Europe 1 a confirmé cette disparition, précisaient que les journalistes faisaient route vers Alep, au nord de la Syrie. Elle a aussi dévoilé leurs noms: «Il s'agit de Didier François, grand reporter au sein de la rédaction, habitué des zones sensibles, et d'Edouard Elias, photographe, missionné par la radio», a précisé la station de radio. La radio a ajouté qu'elle est en contact permanent avec les autorités françaises qui mettent tout en oeuvre pour obtenir plus d'informations.

Le grand reporter Didier François a un long parcours de journaliste, qui l’a mené notamment au Moyen-Orient, où il a été correspondant. Il a également couvert de nombreux conflits depuis ces trente dernières années. Quant au photographe Edouard Elias, 21 ans, passé déjà en Syrie, il a vu ses travaux publiés dans plusieurs médias français et internationaux.

Que demande François Hollande?

Au Japon, le Président a visé tant les autorités que les rebelles syriens, déclarant: «[Les journalistes] doivent être traités comme des journalistes et en aucune façon comme des éléments sur lesquels (on ferait) peser une menace pour agir au détriment d'un Etat». «La presse doit pouvoir circuler en Syrie pour donner les informations qui sont attendues dans le monde entier», a-t-il insisté.

Pourquoi François Hollande a-t-il réagi aussi vite?

Après la confirmation que le régime du président syrien utilise des armes chimiques contre les rebelles, la France est l’un des pays les plus actifs, au niveau international, pour demander une intervention dans ce pays, où 94.000 personnes sont mortes depuis le début de la révolte en mars 2011, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) . L’option militaire, combattue par la Chine et la Russie à l’Onu, pourrait être envisagée. Avec la disparition des journalistes français, et selon l’hypothèse que ces derniers sont vivants et capturés, les Syriens pourraient se servir des journalistes pour faire pression contre la France.

Par ailleurs, en Syrie, les journalistes ne sont aucunement protégés des violences commises par le régime ou les rebelles. Dans un rapport intitulé «Tirer sur le messager: Les journalistes sont visés par toutes les parties en Syrie», publié début mai, l'organisation Amnesty International notait que «les abus commis tant par les autorités syriennes que par les groupes armés d'opposition, font de la Syrie un pays très dangereux pour les journalistes qui y travaillent.»

D’autres journalistes étrangers sont-ils portés disparus en Syrie?

Un journaliste américain James Foley, est également porté disparu dans le pays. Le président syrien Bachar al-Assad a récemment affirmé dans une interview à des médias argentins n'avoir «aucune information» sur le sort cet homme. Quant au journaliste italien Domenico Quirico, du quotidien romain La Stampa, et qui avait disparu le 9 avril, il «est vivant et en Syrie», a annoncé mercredi le directeur de son journal dans un message sur twitter.

Comment de journalistes sont-ils morts depuis le début de la révolte en Syrie, en mars 2011?

24 journalistes ont trouvé la mort depuis le début de la révolte contre le régime en Syrie le 15 mars 2011, et 7 autres portés disparus, selon un décompte de Reporters sans frontières (RSF) qui demande ce vendredi «la libération immédiate» des journalistes, exprimant «sa très vive inquiétude» quant à leurs sorts. L’association ajoute que les deux hommes «ne doivent en aucun cas être pris pour cibles par les diverses parties engagées dans le conflit ni servir en aucune façon de monnaie d’échange». Contactée par 20 Minutes, RSF a annoncé qu’un comité de soutien était en train d’être organisé.